Championnats Volleyball Féminin

La fille de l’ancien joueur de NHL fait parler d’elle sur les courts de volleyball de sa ville d’origine

Nous sommes en 2012, quand Katie Ludvig arpente les rues de Vancouver seule, de retour à son hôtel.

Elle est furieuse d’avoir été disqualifiée du tournoi de tennis de haut niveau pour lequel elle avait quitté sa Kamloops (C-B) natale. Mais elle était surtout contrariée de devoir rentrer à pied.

Son jeu nonchalant lui avait coûté ce match et son père, l’ancien joueur de NHL Jan Ludvig, avait été contraint de lui administrer une dose d’amour vache.

« Il m’avait dit ‘’puisque tu ne veux pas te donner sur le court, tu vas devoir te donner pour rentrer à l’hôtel’’ », se rappelle Katie.

Jan n’avait pas la carrure d’un joueur de NHL et devait, chaque année, se présenter en grande forme au camp d’entraînement s’il voulait avoir la moindre chance de jouer. Pour lui, il était clair que l’effort était l’ingrédient principal du succès.

Alors que Jan a côtoyé le monde professionnel pendant sept ans, sa sœur, quant à elle, excellait en tennis : Lucie Schmidhauser participa au circuit WTA et fut intronisée au Temple de la renommée de l’Université du Texas.

Jan souhaitait que ses enfants aient les mêmes opportunités que sa sœur et lui.

« J’imagine que parfois, on pense travailler dur… mais mon père connaissait une version extrême de l’effort », explique Katie « et il nous l’a transmise ».

Les séances d’entraînement de Jan font partie du folklore de Kamloops, où les anecdotes fusent à ce sujet, notamment à propos de la fois où il avait emmené Katie et son petit frère Johnny, le prospect des Panthers de Floride, faire du sport à l’aube du matin de Noël.

L’autre doctrine sportive phare de Ludvig est le modèle multidisciplinaire.

« Pour mon père il était très important de se construire une bonne base sportive, compte tenu de la corrélation entre les sports », poursuit Ludvig, précisant qu’elle et ses frères et sœurs ont pratiqué le hockey, la danse, la lutte, le baseball et même le trampoline.

« La vraie question est de savoir quel sport nous n’avons pas pratiqué ! »

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Ludvig était plutôt bonne au tennis. Elle a fini en troisième position du championnat provincial et selon son entraîneur de longue date Kelly Hubbard, elle était prête à passer au niveau supérieur.

« Elle faisait partie du Top 10 de la province. Elle était donc clairement une excellente athlète. Elle était travailleuse. Elle s’investissait pleinement dans ce qu’elle entreprenait », confie Hubbard. « Elle aurait probablement pu recevoir une bourse de tennis de 50 000$ - 60 000$ aux É-U ».

Mais Ludvig a perdu sa motivation pour le tennis. C’est un sport individuel et la solitude qu’elle ressentait en jouant s’associait à un sentiment de manque de camarades : elle passait ses weekends soit en déplacement pour un tournoi avec l’un de ses parents, soit chez elle à jouer contre des gens plus âgés.

Elle a commencé à se sentir préoccupée pendant ses entraînements de tennis, rêvant de l’entraînement de volleyball qui suivait.

« Plus je jouais au volleyball, plus je réalisais que j’appréciais vraiment les liens tissés avec mes coéquipières », confie-t-elle. « Et la façon dont elles deviennent comme une famille, d’une certaine manière. C’est quelque chose que je n’avais simplement pas avant ».

Avant la saison au cours de laquelle l’équipe de volleyball de son (petit) lycée a remporté le championnat provincial où elle fut élue meilleure joueuse, Ludvig en avait discuté avec ses parents.

« Ma mère m’avait regardé et dit ‘’Alors je pense que tu sais ce que tu dois faire’’ », se souvient-elle. « Puis j’ai littéralement traversé le terrain vers les courts de tennis pour demander à mon entraîneur si je pouvais lui parler ».

Elle a alors expliqué la situation à Hubbard.

« Je ne sais pas si c’est permanent ou si j’ai juste besoin d’une petite pause, mais je ne vais pas venir à l’entraînement aujourd’hui », lui a-t-elle dit « On verra comment ça évolue ».

Ludvig n’a jamais repris un cours de tennis depuis.

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Au lieu de cela, elle s’est investie dans le volleyball. En 11e année, alors que ses efforts de recrutement étaient à leur apogée, Ludvig s’est déchiré les croisés. Chad Grimm, entraîneur en chef du WolfPack de Thompson Rivers, n’a toutefois pas été refroidi par sa blessure.

« Connaissant sa conscience professionnelle, ses entraîneurs, les personnes avec qui elle travaillait en rééducation… (nous savions) qu’elle passerait outre cette blessure », confie Grimm.

Grimm a initialement recruté Ludvig en tant que libéro à cause de sa taille. À seulement 5 pieds 9 pouces, elle était trop petite pour son poste de prédilection de réceptionneuse attaquante à Canada Ouest. Désormais en troisième année, Ludvig s’est désormais habituée à son nouveau rôle au sein du WolfPack. Mais elle a dû surmonter quelques difficultés en chemin.

« J’ai bien failli jeter l’éponge l’année dernière », admet-elle. « J’ai fait un très, très mauvais match dans une période assez cruciale et je n’ai presque pas touché le ballon au cours du second semestre. Et évidemment, comme pour tout athlète, c’est très frustrant ».

« Je pensais que je n’arriverais jamais à sortir de cette sorte d’ornière ou trou, dans lequel je m’étais mise. J’ai vraiment failli dire… ‘’Je ne suis pas sure de penser pouvoir réussir à ce poste ou dans cette équipe’’ ».

Elle s’est recentrée et a réalisé qu’elle était tiraillée par la peur de l’échec.

« J’ai appris que le propre du sport est de faire des erreurs. Et que je ne devrais pas avoir peur de l’échec, que je ne devrais pas avoir peur de faire des erreurs, parce que c’est inévitable ».

« Alors au lieu de me focaliser sur l’échec, je me suis concentrée sur mes raisons d’être là, ma passion pour le volleyball et à quel point j’apprécie de pratiquer ce sport avec mes coéquipières… mes pires matchs sont ceux où je joue en ayant peur. Quand je suis détendue, quand je m’amuse, je joue mes meilleurs matchs ».

Ludvig a décidé de revenir et elle n’a jamais aussi bien joué au volleyball. De manière générale, elle a participé à la meilleure saison régulière du WolfPack, qui a enregistré une fiche de 16-8. L’équipe est même parvenue à se hisser dans le Top 10 U SPORTS au cours de la saison et jouera la petite finale de Canada Ouest ce vendredi en vue de la qualification au championnat U SPORTS, qui se déroulera à Calgary.

« Je ne dirais pas qu’elle s’impose en tant que leader, mais elle est présente chaque jour, prête à travailler dur », ajoute Coach Grimm. « Elle est exemplaire dans la salle de sport. Elle est exemplaire pendant l’entre-saison. Elle est exemplaire en cours aussi, elle est consciencieuse. Elle fait partie de ces personnes qui sont des leaders par l’exemple et font avancer les choses ».

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Et elle va bien au-delà de ce qui est demandé en cours. Ludvig a obtenu le statut d’étoile académique canadienne lors de ses deux premières années à TRU et l’étudiante en communication affiche actuellement une moyenne générale de 3,9.

En tant que joueuse locale de la petite ville de Kamloops, elle dispose d’une interface unique, dont elle se sert pour travailler avec les enfants locaux. L’action de bénévolat préférée de Ludvig est d’apprendre à lire aux enfants.

Les étudiants-athlètes sont affectés à un groupe, qu’ils rencontrent une fois par semaine pour leur lire un livre.

« Ils passent la moitié du temps à nous dire à quel point ils pensent que c’est génial que nous jouions au volleyball. Certains d’entre eux sont venus à nos matchs. C’est vraiment gratifiant de savoir que l’on est une source d’inspiration pour certains jeunes athlètes de la communauté, qui pourraient potentiellement faire la même chose que nous un jour ».

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Quand elle a du temps, Ludvig se porte volontaire au sein du département marketing de l’équipe des Blazers de Kamloops évoluant en LHO, afin de gagner en expérience, tandis qu’elle et le WolfPack se positionnent contre les violences sexuelles, notamment avec la campagne « Je te crois ». Elle passe également du temps à travailler avec des équipes jeunes de volleyball.

« Pour notre club local, c’est bien de voir que l’une de nos joueuses a réussi à passer au niveau supérieur », explique Grimm. « De voir que c’est vraiment possible, ça permet aux athlètes de croire un petit peu plus facilement que c’est possible pour eux aussi ».

Ludvig a dû se battre avec la notion de possibilité pour arriver où elle en est aujourd’hui. Et bien que son parcours ait été semé d’embuches, il semblerait qu’en suivant sa passion, elle ait trouvé sa voie, qui était finalement sous son nez.

« Je suis sûr qu’elle et plus heureuse en jouant au volleyball, c’est ce qu’elle aime et c’est le plus important », conclut Hubbard, son ancien entraîneur de tennis. « C’était une bonne décision ».


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Jack est un étudiant de quatrième année en anglais à l'Université Queen's. Il est actuellement rédacteur des sports au Queen's Journal et rédacteur en chef du Queen's Undergraduate Review. Jack est également un ancien membre de l'équipe de football des Gaels, dans la foulée d’une longue carrière sportive dans sa ville natale d'Ottawa, où il a participé à des compétitions de football, rugby, hockey et ski alpin.

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