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Jeudi, U SPORTS célèbre la troisième Journée internationale du sport universitaire (IDUS), établie par la Fédération internationale du sport universitaire (FISU) en 2016 et proclamée par UNESCO. IDUS reconnaît formellement et commémore le rôle que jouent le sport et l’éducation dans la croissance personnelle et collective des individus de cette communauté. Pour les étudiants-athlètes — anciens et actuels — les relations qu’ils forment et les succès qu’ils connaissent au cours de leur carrière universitaire sont profondément enracinés dans leurs divers milieux de vie, dans leurs personnalités et dans leur esprit. Pour certains, cette période de leur vie représente la première fois qu’ils se sont découvert un sentiment d’appartenance, ou qu’ils ont vu une occasion de s’inscrire dans l’histoire de leur école. Nous avons invité quelques anciens de U SPORTS à partager avec nous ce qu’IDUS signifie pour eux.

Il y a cinq ans, Javon Masters en était à sa dernière année du secondaire à Kitchener, Ont., et sur le point de prendre l’une des décisions les plus importantes de sa vie, une décision qui allait influencer la trajectoire de sa carrière étudiante et sportive.

« À travers le pays, quelques établissements avaient démontré de l’intérêt envers moi, » dit Masters. « Mais mon entraîneur, à l’époque, m’a mis en contact avec l’entraîneur (Brent) Baker de l’UNB, et j’y suis venu pour ma visite en avril. »

 

Il s’agissait de la première fois qu’il visitait la côte est et qu’il voyait le Centre Richard J. Currie de cinq étages — le complexe sportif de l’Université du Nouveau-Brunswick — avec ses énormes baies vitrées, son stade de 1 400 sièges, et le rutilant tout nouveau plancher de basketball. Située le long de la rivière Saint-Jean à Fredericton, l’université était loin de la grande ville de Toronto et de ses fanatiques de sports, mais il y a vu le potentiel et accepté le défi quelques semaines plus tard.

« J’ai pris ma décision de fréquenter une université qui n’était pas particulièrement reconnue pour le basketball comme un défi, » explique-t-il. « C’est un des principaux aspects qui ont motivé mon choix. »               

Son impact s’est immédiatement fait sentir. Dès sa première année dans l’uniforme rouge et noir, il a affiché une moyenne de 35,5 minutes et 27,4 points par match, s’emparant du même coup du titre national — un rare exploit pour une recrue. C’était en 2014 et, pour la première fois en dix ans, les Reds terminaient la saison avec une fiche de .500.

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Au cours des cinq années qui ont suivi, Masters et son entraîneur ont vite fait de monter une équipe qui les mènerait au premier championnat SUA de leur université depuis 1967 — donnant à l’UNB sa juste place sur la scène du basketball au Canada.

« Ma relation avec lui s’est développée au point où il est comme un second père pour moi et je peux lui parler d’à peu près tout, » affirme Masters au sujet de Baker. « Il n’est pas nécessaire que ce soit du basketball, il nous arrive d’échanger sur toutes sortes de sujets. »

Que ce soit le soutien qu’il lui a donné après le décès d’un bon ami, au cours de sa deuxième année, ou lors de difficultés dans ses cours, il dit que Baker a toujours été là pour lui.

« C’est la personne qui pensera toujours à ce qui serait le mieux pour toi, qui a ton bien-être à cœur parce qu’il tient à toi, » ajoute-t-il.

« C’est un lien solide qui n’est pas près de se briser. »

Lorsqu’il a quitté l’UNB pour la dernière fois comme étudiant-athlète en mai, il a couronné sa carrière sportive universitaire avec 2 407 points, le consacrant Meilleur compteur de tous les temps de U SPORTS.

« Tout le travail que j’ai contribué pour atteindre ce sommet et, simplement de pouvoir dire que je suis le meilleur compteur de tous les temps de l’histoire du sport universitaire ici au Canada, est une réalisation phénoménale dont je suis très fier. »

Ce sont ses succès sur le jeu et dans ses études qui l’ont conduit vers la carrière de joueur de basketball professionnel. En août 2018, le club de basketball espagnol Rio Ourense Termal a annoncé qu’il avait signé une entente avec Masters pour la saison à venir. Il se retrouve donc, encore une fois, dans un nouvel environnement, n’étant encore jamais allé en Europe. Il n’y sera toutefois pas seul. À quelques reprises, au cours de l’année, il affrontera l’ancien arrière des Gee-Gees d’Ottawa, Caleb Agada, qui évolue pour un autre club espagnol, le Melilla Baloncesto.

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Credit: Wrestling Canada Lutte / Vaughn Ridley

Comme ce fut le cas pour de nombreux autres athlètes, le succès n’est pas tombé du ciel pour Eric Wiebe. La native de Stittsville, Ont., a amorcé sa carrière de lutteuse avec les Dinos de Calgary en 2007 à la suggestion et avec l’encouragement de la pionnière de la lutte féminine, Christine Nordhagen, qui était alors entraîneuse adjointe des Dinos.

« Je luttais au niveau club universitaire pour la première fois et n’avais pas réussi à marquer un seul point. Qui plus est, je n’avais pas réussi à marquer un seul point depuis deux mois, j’avais mal dans des parties de mon corps dont j’ignorais l’existence même, j’étais exténuée, au bout du rouleau, et je questionnais tout ce que je croyais être. »

« Et je n’étais pas au bout de mes peines : lorsque je n’ai pas réussi à faire l’équipe universitaire, ma première année, perdant une confrontation en faveur d’une lutteuse plus aguerrie avec quatre ans au sein de l’équipe. »  

« J’ai appris et je me suis présentée chaque jour, avide de m’améliorer, » dit-elle. Elle a passé l’année suivante sur le tapis, à s’entraîner aux côtés de femmes qu’elle décrit comme étant « une tribu de femmes fortes et féroces. »

L’entraînement l’a motivée et elle s’est partagée, corps et âme, entre le tapis, ses études et le travail qui lui permettait de rencontrer ses frais de cours. Le travail acharné a porté fruit. Dans sa deuxième saison avec les Dinos, elle a remporté le titre en lutte style libre chez les 72 kg, ce qui a contribué au championnat de lutte féminine de son équipe.    

« Ce fut une expérience extraordinaire que de partager le podium avec mon équipe,» dit Wiebe. « Nous avions une équipe exceptionnellement forte et ce fut un moment de fierté indescriptible comme Dino.» 

Son succès sur la scène universitaire a rapidement progressé à l’échelle internationale. Elle a fait son début international lors de l’Universiade d’été de la FISU 2013, à Kazan, en Russie. C’est là qu’elle a vécu pour la première fois l’expérience de vivre aux côtés des athlètes d’élite de l’équipe canadienne, dans le village des athlètes, et d’affronter des adversaires de partout dans le monde.

« J’ai remporté une médaille de bronze et réalisé pour la première fois que j’étais en mesure de concourir sur la scène internationale, » dit-elle.

Aux trois événements de la FISU où elle a concouru au nom du Canada, elle a gagné une médaille de chaque couleur, y compris l’or aux championnats mondiaux universitaires de 2014. Cette année-là, elle a dominé ses adversaires, remportant chaque tournoi individuel auquel elle était inscrite sans une seule défaite en 36 combats.

La clé pour accéder à l’équipe olympique canadienne était une simple question de préparation et de pratique. Pendant huit ans, elle avait raté sa chance de faire l’équipe, s’entraînant patiemment et encourageant ses coéquipières en assistant aux Olympiques de Londres à titre de partenaire d’entraînement de Leah Callahan, de son équipe des Dinos. Son moment est venu lorsqu’elle a été choisie sur l’équipe après s’être qualifiée comme espoir olympique panaméricaine au Texas. Fortement encouragée par ses amis, sa famille et son équipe, elle a offert une prestation dominante lors des finales aux dépens de Guzel Manyurova du Kazakhstan 6-0 pour remporter la médaille d’or dans le style libre féminin chez les 75 kg. Elle devenait ainsi la deuxième ancienne Dino à remporter une médaille d’or olympique individuelle et la troisième Canadienne à remporter l’or olympique en lutte.

Bien qu’elle soit aujourd’hui diplômée de l’Université de Calgary, ses liens à son école demeurent très forts.  

« Je continue de m’entraîner tous les jours dans la salle de lutte et j’ai toujours hâte de le faire auprès de ces lutteuses en herbe, » dit-elle, ajoutant qu’elle vise maintenant les championnats mondiaux qui auront lieu à Budapest en octobre ainsi que les Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Kevin Chief a grandi dans le centre-ville de Winnipeg dans les années » 90. Il était un parmi près de 45 000 autochtones qui habitaient Winnipeg à l’époque, selon les données de recensement. Parmi ces familles à Winnipeg, le seuil de pauvreté était estimé à 60 – 70 pour cent et son père, monoparental, faisait de son mieux pour subvenir à leurs besoins financiers. Chief a atteint la majorité avant la mise sur pied de la Commission pour la vérité et la réconciliation (CVR) — alors que la couleur de sa peau et son nom de famille servaient de rappels constants et tangibles qu’il était autochtone. De nombreuses influences et d’énormes barrières menaçaient constamment de le ramener dans le milieu défavorisé auquel il avait la chance d’échapper — son père étant décédé alors que Kevin n’avait que 18 ans. Heureusement, le basketball lui a donné le soutien dont il avait besoin pour viser plus haut.

« L’Université de Winnipeg a démoli l’une des plus énormes barrières auxquelles je faisais face — la barrière économique — j’étais pauvre, » dit Chief. « J’ai reçu une bourse d’études sportive me permettant de devenir un étudiant-athlète. »             

Il s’agissait d’une réalisation tout à fait extraordinaire si l’on garde à l’esprit que trois sur quatre autochtones à Winnipeg comptaient une scolarité inférieure à une 11e année. En fréquentant l’Université de Winnipeg, il s’est retrouvé sur une des équipes de basketball considérées parmi les meilleures au pays.  

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Credit: Rom Cueto and Kevin Chief

 

« Très jeune, je me souviens que Bill Wedlake, entraîneur de basketball à l’Université de Winnipeg, nous rappelait constamment que les gens des clubs “booster” et les gens de notre communauté contribuaient à l’Université de Winnipeg pour permettre à des jeunes comme moi de fréquenter l’université et devenir étudiants-athlètes, » dit-il. « Je n’ai donc jamais perdu de vue qu’il me faudrait un jour, en signe de reconnaissance pour ce soutien, donner au suivant. »        

L’implication communautaire et la poursuite de l’excellence académique et sportive ne sont que quelques-uns des principes que Wedlake a inculqués au jeune Chief. 

« Les gens qui ont eu le plus d’influence sur moi sont ceux qui voulaient que je sois fier de qui j’étais comme étudiant et comme athlète, mais aussi à cause de mon identité culturelle, » dit-il. 

Après avoir reçu son diplôme de l’université, Chief a perduré dans son engagement visant à rehausser les conditions de vie dans sa communauté, par le biais de l’implication civique. Il est devenu cofondateur du Winnipeg Aboriginal Sport Achievement Centre (WASAC), un organisme qui implique les enfants et les adolescents par le biais des sports, de la récréation et de la culture.

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Credit: Rom Cueto and Kevin Chief

 

Les gens ont vite remarqué son implication au sein de la communauté et l’ont encouragé à se présenter en politique afin d’avoir un plus grand impact au niveau des politiques. Il fut élu à l’Assemblée législative du Manitoba en 2011 où il a représenté la circonscription électorale de Point Douglas pendant six ans.

« Le travail qui m’a donné le plus de satisfaction, à ce jour, a été comme représentant d’une communauté qui m’a donné tellement ; d’avoir pu transmettre ces valeurs et principes par le biais de l’Assemblée législative du Manitoba veut dire beaucoup pour moi, » dit-il.          

Depuis qu’il a quitté la politique, Chief, à titre de vice-président du Conseil des affaires du Manitoba, s’est trouvé une autre façon d’aider les jeunes, le segment de la population à la croissance démographique la plus rapide, à développer leur potentiel et à jouer un plus grand rôle dans l’économie de la région. Il attribue sa réussite personnelle et professionnelle au « réseau et aux occasions que lui ont données l’Université de Winnipeg », par le biais d’une bourse d’études sportive et souligne l’importance de soutenir les étudiants-athlètes.

« Chaque fois que quelqu’un contribue à une bourse d’études sportive ou à une bourse universitaire, ou qu’il redonne à un service des sports, de quelque façon que ce soit, » ajoute-t-il, « il investit dans des modèles, des ambassadeurs qui deviendront éventuellement d’excellents membres de la communauté. »