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U SPORTS s’entretiendra avec un athlète, un entraîneur, et un membre du personnel clés de chacun de ses programmes sportifs dans le cadre de notre série d’entrevues “Faites connaissance avec…”

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  • Nom:  Bonnie Sutter
  • Ėcole: Université de Calgary
  • Position: Thérapeute sportive en chef
  • Ancienneté: 25 ans
  • Ėcole/ Poste précédent: Thérapeute sportive adjointe, Dinos de Calgary
  • Ville natale: Carberry, MB.
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1. Comment avez-vous obtenu votre poste actuel et qu'est-ce que vous appréciez le plus à propos de votre travail?

En 1993, il y a eu une petite annonce sur le tableau d’affichage de la clinique de thérapie sportive de l’Université du Manitoba qui faisait la promotion d’un poste de thérapeute sportive adjointe. Je venais juste de commencer le processus d'examen pour le CATA et je pensais que je ne serais pas qualifiée. Trois mois plus tard, mon superviseur, Glen Bergeron, a suggéré que je propose mon nom, car personne n’avait accepté le poste. J'ai découvert pourquoi: il s'agissait de huit mois de travail, environ 80 heures par semaine, pour

10 000 $. J'accordais plus d’importance à l'expérience qu’à l'argent, alors j'ai accepté le poste. Chaque année, le salaire a augmenté peu à peu, jusqu'à ce qu'ils me fassent travailler à plein temps en 1997. En 2004, je suis devenue la thérapeute en chef des Dinos de Calgary.

Mon travail consiste vraiment à jongler avec le ying et yang. Il y a des jours où je déteste absolument mon travail. Je le déteste, car c’est un travail vraiment difficile physiquement, mentalement et émotionnellement. Mais c'est aussi la raison pour laquelle j'aime mon travail. Je ne sais jamais ce qui va arriver. Je ne sais jamais si je vais annoncer des mauvaises ou des bonnes nouvelles. Je peux potentiellement faire sortir un joueur ou une joueuse d’un match, ou lui permettre de reprendre le jeu. Je ne sais jamais si je vais devoir faire face à des larmes de frustration, ou à des larmes de joie. Mon travail consiste à travailler dans le sport, mais ce travail s’inscrit également en parallèle de tout ce qui se passe dans le sport. Les hauts sont très hauts, et les bas très bas. C'est aussi ce qui fait que le travail reste ancré dans le réel. C'est un privilège absolu de pouvoir évoluer aux côtés d'un athlète, et d’essayer de l'aider à atteindre ses objectifs.

2. Qui a eu le plus d'influence sur votre carrière?

Un entraîneur avec lequel j'ai travaillé autrefois m'a un jour dit qu’il fallait toujours s'entourer de gens qui croient en nous. Il y a deux personnes ont eu le plus d'influence sur ma carrière. Dans les débuts, cela a été le thérapeute sportif en chef Dale Butterwick; il a eu le plus d’influence sur moi au cours des 12 premières années de ma carrière. Il était l’incarnation du travail acharné, d’un niveau de standard élevé, et d’une éthique de travail forte. Il m'a encouragée à développer mes compétences de base, et m'a même aidée financièrement, de temps en temps, pour pouvoir suivre des cours. Il valorisait la recherche, m'a encouragée à travailler sur plusieurs projets qui ont apporté beaucoup aux prestation de soins. Avant tout, il m'a appris que le conflit n'était pas une mauvaise chose, et il m'a encouragée à toujours travailler sur les conflits de manière collaborative. C’est cela qui a surtout créé de la confiance en mon professionnalisme. Dale Butterwick a été responsable d’une grande partie de mon développement personnel.

Tous les professionnels ont besoin de mentors, même après 25 ans de carrière dans le sport! Preston Wiley a été l’autre influence importante de ma carrière. Après être devenue la thérapeute en chef, j'ai travaillé en étroite collaboration avec le Dr Wiley, lorsqu’il était médecin universitaire en chef. Son approche des reunions à la fois claire et réfléchie, politiquement correcte, calme et pourtant directe, est légendaire. C’est un passionné de sport, mais il n’a pas laissé cette passion porter prejudice à son processus décisionnel. Le meilleur intérêt de l’athlète est toujours resté primordial pour lui. Preston Wiley est un membre de comité recherché en matière de médecine du sport, de gestion des risques, ou de comités de recherche. Je me suis développée en tant que professionnelle car il a eu la gentillesse de m'amener avec lui sur ces projets.

3. Quel est votre plus grand moment sportif ou votre plus belle réussite?

Ma réponse à cette question n’est probablement pas ce à quoi vous attendez. J'ai été sur le banc durant des championnats nationaux, des championnats du monde, et des performances mondiales record. Aussi merveilleux que ces moments ont pu être, ils n'ont jamais été ce que je considère mon plus grand moment sportif.

Ma plus grande réussite sportive a été une affaire de famille. Pour Canada 150, mon mari, moi-même, et nos deux enfants, âgés de 8 et 10 ans, nous sommes rendus du mont Norquay (Banff) au lac Louise pour une randonnée en sac à dos. Le voyage a duré huit jours, s’est étendu sur 79 km, et a compté trois cols de montagne. Mon sac a dos pesait bien au-delà de 80 livres. Nous avons eu quelques minutes de nervosité lorsque nous avons rencontré un ours grizzli bien curieux, mais globalement, arriver jusqu’au lac Louise, collants de transpiration, puants et avec seulement quelques ampoules aux mains et aux pieds, a été une expérience enrichissante. J'en ai parlé à certains athlètes, et beaucoup d'entre eux m’ont rappellé qu'il ne faut que 40 minutes pour s’y rendre en voiture. Je trouve cela bizarre, alors je leur rappelle qu’ils font du sport de compétition; quelque chose qu'ils pourraient aussi bien regarder à la télévision. Tout comme eux, je fais cela parce que je me pousse à sortir de ma zone de confort, afin de faire quelque chose que beaucoup n’ont pas la capacité de faire. Avant tout, j’assume cette expérience.

4. Comment définiriez-vous un étudiant-athlète des Dinos?

Je décrirais un athlète de l’Université de Calgary comme étant une personne intelligente et capable de placer la barre très haut. Nos athlètes se doivent d’être ainsi, avant tout car l'Université de Calgary a des standards académiques très élevés. Ce sont deux qualités que vous devez posséder pour pouvoir entrer et rester. Les athlètes de l’Université de Calgary sont curieux et très analytiques, et ils s’efforcent toujours d’être les meilleurs. Je pense que les athlètes de l'Université de Calgary découvrent vraiment leur potentiel à cause de cela.

Les récents diplômés Andrew Buckley et Hayley Wickenheiser sont des exemples de cette passion. D'un autre côté, je pense que cela peut aussi conduire à avoir des groupes d’athlètes assez tendus. Au cours des cinq dernières années, le département de l’Université a reconnu ce phénomène, et il s'est efforcé de créer des opportunités pour les athlètes d'interagir et de socialiser entre eux afin de lutter contre cela. Cela a été amusant d'observer le sentiment de communauté qui s'est développé au sein de ce groupe. Ce ne sont pas que des équipes qui interagissent uniquement entre elles, elles se soutiennent également mutuellement en tant qu’athlètes.

5. À quoi ressemble le succès pour le programme sportif de l’Université de Calgary?

Il existe de nombreux entraîneurs, athlètes et administrateurs, qui croient que la mesure du succès universitaire se base uniquement sur les championnats remportés. Je ne le vois pas comme ça. Je pense que le succès se traduit davantage par le type de culture que vous créez. Lorsque vous cultivez des habitudes saines et fortes telles que l'éthique de travail, la gestion du temps, la résolution de problèmes, la gestion des conflits, l'honnêteté, l'intégrité, la responsabilité, etc., le succès sportif suivra. Ce sont des compétences fondamentales pour toutes les facettes de la vie, et pas seulement pour le sport. Pour moi, la mesure du succès d'un programme sportif universitaire se trouve réellement parmi ses anciens élèves, et le soutien que le programme reçoit de la part de ses anciens élèves.  

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6. Quel est le plus grand défi que vous rencontrez dans le monde sportif d'aujourd'hui?

Le plus grand défi que je rencontre dans le monde du sport est de répondre aux attentes. La médecine du sport a énormément progressé tout au long de ma carrière. Il y a tellement plus d'informations sur la gestion des blessures qu'il est difficile de tout suivre et, plus important encore, de tout financer. Il y a vingt-cinq ans, les équipes étaient contentes de voir que quelqu’un était là pour pouvoir leur mettre des pansements et apporter une aide de premiers secours. L’appétit pour les services des professionnels de la médecine du sport s’est développé de façon exponentielle, au point de créer des attentes pour un service qui soit disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Les universités ont du mal à gérer cette croissance, étant donné qu’elles ont un nombre limité de personnel thérapeute, pour un grand nombre d'étudiants de premier cycle. Quelque chose va devoir changer, mais je ne suis pas certaine de ce que cela sera.

7. A quelle place souhaitez-vous voir le sport universitaire canadien dans 3 à 5 ans?

J'ai commencé quand U SPORTS était le SIC. Il n'y avait pas de bourses. Les athlètes devaient travailler l'été, et parfois, pendant leurs études, pour joindre les deux bouts. Il n'y avait pas d’entraînements obligatoires en été. Depuis l’introduction des bourses d’études, les exigeances par rapport au temps que les étudiants-athlètes consacrent au sport ont augmenté. De nombreuses équipes s'entraînent toute l'année, et certains athlètes consacrent plus de 40 heures par semaine à s’entraîner et à se préparer pour leur sport, ce qui, lorsque cela est bien géré, les conduit au succès. Quand la situation est mal gérée, cela entraîne des blessures, des abandons et des problèmes de santé mentale.

J'aimerais voir U SPORTS devenir leader dans le développement des athlètes. Pour ce faire, U SPORTS devra investir de l’argent pour engager des experts en physiologie, psychologie, biomécanique et médecine du sport, afin d’éduquer les entraîneurs et le personnel sportif concernant les quantités d’entraînement, la récupération, et la prévention des blessures.

8. Si vous pouviez vous asseoir pour dîner avec une personne du monde sportif (athlète, entraîneur ou gestionnaire), qui serait-ce? Pourquoi? De quoi parleriez-vous?

J'aimerais m'asseoir avec Ron MacLean. Il a fait carrière en célébrant les histoires des coulisses du sport. Je lui demanderais quels athlètes ou quels entraîneurs l’ont le plus inspiré au cours de sa carrière, et pourquoi. Je suis certaine qu'il me donnerait une perspective sur les athlètes à laquelle je n'ai jamais eu le privilège d’avoir accès.

9. Que diriez-vous à un fan de sport qui n'a jamais regardé ou assisté à un match ou une compétition U SPORTS?

Préparez-vous à être surpris. Le niveau de jeu est fantastique. J'achète souvent des billets pour les jeux des Dinos comme cadeaux d'anniversaire pour des amis. Leurs parents sont toujours impressionnés (parfois même, choqués) par la qualité du sport.

10. Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’êtes pas au travail?

Comme vous le savez déjà, je suis une personne qui aime les activités de plein air. Nous faisons beaucoup de canoë et de randonnées en sac à dos pendant l’été. Je suis aussi une personne très créative. J'aime dessiner, peindre, coudre et travailler sur des édredons. Le seul problème, c’est que je n’ai pas autant de temps pour ces activités que j’en avais avant d’avoir des enfants.

Maintenant, la majeure partie de mon énergie est consacrée au jardinage. J'ai un grand jardin – faire pousser des fleurs est simplement une façon différente de mélanger et d’assortir les couleurs et les textures. La récolte de mon grand jardin potager-fruitier est placée dans des bocaux et dans des sacs de congélation pour pouvoir être consommée pendant l’hiver. Je plaisante souvent en disant que je suis une pourvoyeuse de connaissances des femmes au foyer des années 50. J’éprouve une grande satisfaction à nourrir ma famille avec des aliments sains et faits maison.