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Il y a tout près de dix ans que la vie de Ben Fanelli a changé du tout au tout à la suite d’un grave traumatisme crânien.

Fanelli n’en était qu’à son septième match avec les Rangers de Kitchener de la LHO — équipe à laquelle il s’était joint à l’âge de 16 ans — lorsqu’il s’est emparé de la rondelle et a contourné son propre but. Il a fait l’objet d’une rude mise en échec, sa tête frappant un étançon métallique reliant les baies vitrées, et a perdu connaissance.

Le traumatisme crânien provoqué comportait de multiples fractures et une sévère commotion cérébrale. Lorsqu’il a, plus tard, repris connaissance à l’hôpital, Fanelli se souvient qu’un médecin lui a annoncé qu’il ne pourrait plus jamais pratiquer des sports et que sa vie, dans l’ensemble, serait changée à tout jamais. Il allait démentir ce pronostic en récupérant partiellement, grâce à l’entraînement au triathlon, avant de retourner éventuellement à la LHO pour trois autres années.  

Dix ans plus tard, Fanelli est entraîneur adjoint avec l’équipe masculine de hockey des Warriors de Waterloo. Il utilise sa plateforme avec l’équipe et celle de la Fondation EMPWR pour prôner une meilleure sensibilisation aux symptômes et aux traitements de ces traumatismes.

Aujourd’hui, alors qu’il agit à titre d’entraîneur à Waterloo depuis trois ans, Fanelli se dit agréablement surpris des connaissances et de la sensibilisation de ses joueurs au sujet des commotions cérébrales.

Le fait que les médias sociaux nous exposent à ces histoires, nous les rendent plus réelles, influencent notre façon de voir les choses. 

Fanelli

« Plusieurs de nos athlètes sont conscients qu’il est bon pour eux de prendre du recul s’ils ne se sentent pas bien, et d’être prêts à prendre les mesures nécessaires pour revenir au jeu, » dit Fanelli qui anime la baladodiffusion (podcast) Heroic Minds, une émission qui étudie les plus récentes recherches et découvertes concernant les diverses façons dont le cerveau est affecté — entre autres — par les blessures, le sommeil et la nutrition. L’émission va jusqu’à expliquer comment récupérer, maintenir ou améliorer notre santé neurologique, selon ces mêmes recherches.

Fanelli explique qu’il remarque une nouvelle tendance culturelle au sein de la communauté sportive concernant les commotions, s’il établit une comparaison entre son temps sur la glace et son temps derrière le banc.

« Je crois que la tendance à accroître les risques a fait son temps, » dit Fanelli. « Je pense que les joueurs en sont venus à la réalisation que s’ils frappent un adversaire, ça pourrait avoir des conséquences graves, qu’ils sont mieux renseignés, plus éduqués (maintenant). Et puis, le fait que les médias sociaux nous exposent à ces histoires, nous les rendent plus réelles, influencent notre façon de voir les choses. »  

La carrière d’Eric Lindros au sein de la LHN avait connu un sort similaire lorsqu’il avait souffert un traumatisme crânien. À 27 ans — donc à peine plus âgé que la plupart des étudiants-athlètes finissants de U SPORTS — sa carrière a connu une fin abrupte lorsqu’il a été pris de court par une attaque lors du septième match de la finale de la conférence de l’est en 2000. En février, Lindros a affirmé au Comité fédéral du gouvernement mandaté à l’étude des commotions cérébrales qu’il ne s’est jamais senti le même après avoir été frappé. Au cours des années suivant la fin de sa carrière, Lindros a consacré une grande partie de son temps à l’avancement de politiques gouvernementales et organisationnelles concernant les traumatismes crâniens.

L’année dernière, Lindros — un natif de London, Ont. — s’est vu décerner un diplôme honoraire de l’Université Western, en reconnaissance de son appui à la recherche sur les traumatismes crâniens.

Au sous-comité de la Chambre des communes sur les commotions cérébrales reliées aux sports auquel il a participé en février, Lindros a suggéré que le gouvernement fédéral mette en place l’équivalent de la Loi de Rowan. Cette loi, adoptée l’année dernière en Ontario, établit les paramètres pour le retrait et le retour des athlètes au sport lorsqu’ils ont subi une commotion cérébrale.

Plusieurs établissements membres U SPORTS ont adapté leurs propres paramètres pour traiter les commotions cérébrales chez les athlètes. Dr Carla Edwards est la présidente du sous-comité sur les commotions cérébrales qui fait partie d’une plus vaste association qui gère les questions de médecine sportive. L’association est composée de médecins, de scientifiques, et de physiothérapeutes. Ce sous-comité a été mis sur pied pour établir des outils pédagogiques uniformisés qui puissent servir à toutes les universités canadiennes pour évaluer, gérer et traiter les athlètes qui subissent des commotions cérébrales.   

« Essentiellement, nous cherchions à déterminer et à évaluer ce qui existait déjà et à guider nos membres dans l’élaboration de lignes directrices fondées sur des données et principes solides, » explique Edwards.   

Edwards espère développer un logiciel qui ressemble à celui élaboré par le Centre canadien pour l’éthique dans le sport au sujet de l’antidopage, pour distribution dans les universités. Alors que le comité travaille toujours à l’élaboration des outils, son objectif est d’être en mesure de fournir un programme préliminaire à ses établissements membres d’ici le début de la prochaine année universitaire.

Ce programme se veut une source, un recueil d’informations concernant les symptômes et le traitement d’un traumatisme crânien.

(Les symptômes) peuvent être subdivisés en trois volets principaux.  L’un d’eux serait physique… voire neurologique… et on pourrait également découvrir des symptômes de santé/maladie mentale. 

Dr. Edwards

Selon Dr Edwards, les divers symptômes pourraient être :

Physiques :

  • raideur au cou, douleur, nausée, vomissement, sensibilité à la lumière

Neurologiques :

  • étourdissement, mal de tête, idées brouillées, ralentissement des facultés cognitives, difficulté à suivre une conversation, confusion, amnésie.

Psychiatriques :

  • dépression, angoisse.

Les symptômes ne sont pas toujours immédiats ; ils peuvent se manifester aussi tard qu’une semaine après qu’une personne a subi une commotion cérébrale.  

« Il est important de savoir qu’il n’y a pas qu’un traitement pour une commotion cérébrale. Notre connaissance des commotions évolue avec le temps, » dit Edwards. « Il y a dix ans, on vous aurait dit de vous asseoir dans une chambre noire et de ne regarder aucun écran alors qu’aujourd’hui, nous savons que les 24 premières heures sont importantes pour l’évaluation. »

« À partir de ce moment-là, on utilise une approche multidisciplinaire ; il ne s’agit donc pas d’impliquer uniquement un médecin, mais aussi des physiothérapeutes, des chiropraticiens, des massothérapeutes, des experts en santé mentale, des spécialistes vestibulaires, et des thérapeutes de la vision — ce sont autant de spécialistes qui doivent être impliqués dans l’évaluation et le traitement des commotions. »

Écoutez les podcasts Heroic Minds ici.


Charlie_Pinkerton2.jpg (209 KB)Charlie est un journaliste basé à Ottawa. Après avoir été l’un des premiers membres du programme des correspondants de U SPORTS, il couvre actuellement la politique fédérale pour iPolitics. Il est aussi le rédacteur en chef de Ottawa Sportspage. Il a par le passé écrit sur l’athlétisme pour plusieurs publications de Postmedia. Charlie est diplômé de l'Université Carleton, mais il se considère toujours comme un Raven.