Athlétisme Féminin Nouvelles

Il semble, ces jours-ci, que pratiquement tout le monde a une sorte d'expérience extraordinaire dans sa vie.

Les étudiants universitaires canadiens ne font pas exception.

Ces expériences peuvent être significatives et difficiles, voire douloureuses. Vous trouverez tous ces mots, et probablement beaucoup d'autres aussi décrivant les scénarios.

En voici une impliquant une superbe étudiante, tant sur le plan académique que sportif, qui a grandi à l'Île-du-Prince-Édouard. Elle est issue d’une petite communauté rurale connue sous le nom de Pownal, à 15 minutes de route de Charlottetown.

Dans sa jeunesse, Abbey MacLellan s'est intéressée à un sport dont l'histoire remonte à la Grèce antique. C'est un jeu pratiqué à l'extérieur et généralement avec un bâton en bois ou en fibre de verre, qui a un crochet en forme de J à la base.

La balle est assez similaire en termes de taille à ce que vous voyez à la crosse. Pour le hockey sur gazon, elle est faite de plastique solide et durable et, selon la vitesse d'un lancer, la balle peut causer chez un joueur adverse des dents fissurées et des os fracturés.

MacLellan a commencé à jouer au hockey sur gazon au début de ses études secondaires. Ensuite, c’est à la Charlottetown Rural High School qu’elle a commencé à pratiquer le sport sérieusement. Ses progrès furent si rapides qu’elle a mérité le titre de recrue de l'année en 10e année. En 2015, l’année de l’obtention de son diplôme, elle a été nommée athlète féminine de l'année de l'école.

Les entraîneurs universitaires ont aimé ce qu'ils ont vu lorsque MacLellan a participé à un camp de recrutement dans l'État du Massachusetts. Il a fallu peu de temps pour que le personnel de l’Université Northeastern, un prestigieux établissement d'enseignement privé de Boston, lui offre une bourse d’études complète.

Des études postsecondaires payées et le fait d’avoir de la famille dans une ville connue pour ses équipes de sport professionnel et ses événements comme le marathon étaient géniaux – même à 10 heures de route de la maison.

MacLellan rêvait aussi de faire partie de l'équipe nationale de hockey sur gazon du Canada. Au cours de sa dernière année à l’école secondaire, elle était membre de l'équipe nationale junior.

D'un point de vue historique, l'expérience du Canada en hockey sur gazon féminin au niveau international était, pour ainsi dire, mûre pour une amélioration. Les Canadiennes ont terminé au deuxième rang à la Coupe du monde de 1983. En 1984, elles ont raté le podium aux Jeux olympiques, terminant en cinquième place. En 1986, le Canada a remporté une médaille de bronze à la Coupe du monde.

Depuis, les Canadiennes n’ont récolté qu'une médaille d'argent aux Jeux panaméricains de 2019 et une deuxième place à la série de la Fédération internationale de hockey (FIH) la même année. MacLellan était déterminée, concentrée et travaillait d’arrache-pied.

« J'étais à peu près au milieu de ma première année à Northeastern quand j'ai été retranchée de l'équipe nationale junior, se souvient MacLellan. J'avais 18 ans, j’étais bouleversée et je savais juste que je n'étais pas encore prête à abandonner. Avec le soutien de ma famille, j'ai décidé d'abandonner la bourse d’études et de déménager à Vancouver. »

Pour MacLellan, faire partie d'une équipe canadienne qui serait parmi les meilleures au monde était un rêve. Quand elle est devenue étudiante à l'Université de la Colombie-Britannique, MacLellan a trouvé le moyen de suivre des cours de microbiologie, de physiologie et de neurosciences. Ils conduiraient tous à un diplôme en sciences intégrées. Jouer au hockey sur gazon pour l’UBC lui permettrait de conserver ses espoirs de percer un jour l’alignement de l'équipe nationale.

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Pour une jeune athlète, qui s'était régulièrement entraînée sur un tapis dans la grange familiale et avait mis l’accent sur la forme physique et l'entraînement, l'envie de représenter son pays passait avant tout le reste. C'était si spécial pour elle. Pourquoi s’entraîner dans la grange? Il s'avère que l'Île-du-Prince-Édouard n'avait pas le genre d'installations en gazon synthétique à base d’eau qui fleurissaient dans plusieurs autres provinces.

Les choses allaient bien pour MacLellan... jusqu'à l'accident. Il est survenu lors de ses débuts au hockey sur gazon universitaire canadien, ce premier match avec les Thunderbirds – et son père était parmi les spectateurs.

« Je me souviens avoir été nerveuse lors de ce match, mais j'ai marqué un but », a déclaré MacLellan. « Peu de temps après, j'ai reçu un tir d’une joueuse adverse en plein visage. C'était horrible. »

Abbey MacLellan

Transportée hors du terrain et emmenée en ambulance à l'hôpital, MacLellan avait plusieurs fractures et a dû subir une chirurgie reconstructrice du visage avec des plaques de métal incrustées dans son visage. De nombreuses séances de physiothérapie ont suivi tout comme une réadaptation psychologique. Sa saison de hockey sur gazon était terminée, et MacLellan a pensé à l'avenir.

« J'étais terrifiée, j'avais travaillé si dur et je n'étais pas prête à prendre ma retraite, a-t-elle déclaré. La réadaptation a été dure psychologiquement. Plusieurs fois, je mettais les pieds sur le terrain, j'avais des crises de panique. »

Les choses se sont améliorées avec le temps et MacLellan, ayant reçu l'autorisation médicale de porter un protecteur facial en plastique, a reçu le feu vert pour jouer lors de sa troisième année universitaire. Elle a dit que cette saison fut le point culminant de sa carrière de hockey sur gazon après avoir contribué à la conquête de la médaille d’or par les Thunderbirds au championnat national de U SPORTS.

Dans un des matchs éliminatoires, MacLellan a été choisie joueuse du match. Cette même année, elle a été invitée aux essais de l'équipe nationale senior, qui ont eu lieu sur le campus de l’UBC, mais n'a pas percé la formation finale.

Forte d’un parcours personnel allant d'une blessure grave au sommet du podium, MacLellan était toujours optimiste. Au cours de sa quatrième année, les choses se sont effondrées. Son rêve au hockey sur gazon s’est envolé en fumée. Tout comme sa carrière dans les sports de contacts.

« J'ai reçu une balle à la tête, mais heureusement, j'avais le protecteur facial, sinon les dégâts auraient pu être bien pires », a déclaré MacLellan, se souvenant de l’épisode dans une conversation téléphonique.

« C'était ma deuxième commotion cérébrale. À ce stade, j'espérais postuler à la faculté de médecine, je venais de passer mon test d'admission à la faculté de médecine (MCAT), j'avais beaucoup à perdre. Pendant la majeure partie de cette année-là, j'ai eu des maux de tête constants, j’essayais de suivre le rythme dans mes études tout en passant la plupart de mon temps au lit. Ce fut une période vraiment sombre pour moi émotionnellement et physiquement. »

Abbey MacLellan

MacLellan avait disputé son dernier match de hockey sur gazon, mais elle avait de bons souvenirs. Le sport universitaire canadien (U SPORTS) l'a honorée en tant qu’étoile académique canadienne pendant trois années consécutives. Elle a aussi été retenue au sein de la première équipe d’étoiles de l’Association Canada Ouest et U SPORTS a souligné son retour de l'année précédente comme étant le retour de l'année. Elle a postulé à la faculté de médecine et a terminé sa dernière année à UBC. Un chapitre clos, un autre sur le point de commencer.

Un an plus tard, elle était ravie d'être acceptée à la faculté de médecine de l'Université Dalhousie à Halifax – et beaucoup plus près de la maison. Un cheminement de carrière en médecine inspiré en partie par son chirurgien plasticien.

« Bien qu'il ait été décevant et dévastateur de décider que je ne pratiquerais plus jamais les sports de contacts, je devais être réaliste quant à ma vie, a-t-elle déclaré. J'ai décidé de me concentrer sur les études et j'avais besoin de mes cellules cérébrales pour la faculté de médecine. »

Après avoir obtenu son diplôme de l’UBC, MacLellan a passé sa première année d'études à Dalhousie en ligne puisque les cours sur le campus ont été annulés en raison d’une certaine pandémie. À l’école secondaire, MacLellan avait remporté le championnat provincial individuel de cross-country. Elle avait aussi participé aux Jeux d'été du Canada en athlétisme.

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MacLellan s’est dit qu'une course quotidienne lui offrirait une pause dans ses études. Cela allait également devenir un nouveau chapitre dans sa vie sportive et elle a donc consulté ses anciens entraîneurs de l’école secondaire. À l'été 2021, elle s'est entraînée de façon intensive avec eux dans l’espoir de tenter sa chance à la session d'automne.

« J'ai décidé que participer aux essais pour faire partie de l'équipe de Dalhousie était une façon pour moi de réécrire la fin malheureuse de ma première carrière sportive, a-t-elle déclaré. Je ne savais pas que cela serait un nouveau départ. Cependant avec l'entraînement dans un nouveau sport, la courbe d'apprentissage était importante. Je me souviens de la joie de faire partie de l'équipe (de cross-country) qui a remporté une médaille d'argent à la compétition de SUA à Moncton. »

Elle a ensuite profité de son élan acquis dans la course de fond pour mériter une place au sein de l'équipe d'athlétisme de Dalhousie.

Aux compétitions d'athlétisme en salle de Sport universitaire de l'Atlantique (SUA), MacLellan – qui participait au 600 mètres pour la deuxième fois de sa vie – a raté de peu le podium, se classant quatrième de la course. Toutefois, elle a remporté une médaille d'argent en tant que membre de l'équipe du relais 4x400 mètres de Dalhousie.

MacLellan fait partie du petit contingent d'étudiants-athlètes canadiens qui peuvent se vanter d’avoir remporté des médailles dans trois sports interuniversitaires tout en fréquentant deux universités.

Tim Maloney, directeur général du département des sports et loisirs à Dalhousie, a déclaré que MacLellan illustre toutes les valeurs de l'université en matière de réussite scolaire et sportive.

« L'excellence sur le plan des études, et elle étudie à la faculté de médecine, de grands athlètes et des gens qui contribuent de nombreuses façons à la communauté, a déclaré Maloney. Elle représente tout cela et est extrêmement dévouée. Nous, et tant d'autres sommes conscients de ses réalisations. Elle est simplement un exemple exceptionnel. »

Tim Maloney - directeur général du département des sports et loisirs à Dalhousie

Alors que les universités canadiennes sont réputées pour former de meilleures personnes, MacLellan est lauréate du prix du service communautaire féminin de SUA. Outre les études et le sport, elle se dérouille très bien dans d’autres domaines, notamment la recherche cardiaque néonatale sur les bébés prématurés et la rédaction d'un livre électronique pour les patients ayant un handicap.

Une autre chose que nous ne pouvons ignorer, son désir continu de redonner à la communauté du hockey sur gazon qui a rendu possible ses premiers rêves. Elle organise des cliniques estivales de hockey sur gazon pour les athlètes sur l'île canadienne reconnue comme le berceau de la Confédération.


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David Grossman est journaliste et animateur sportif vétéran récipiendaire de plusieurs prix avec certains des plus grands médias canadiens, incluant le Toronto Star et SPORTSNET 590 THE FAN, ainsi qu’un professionnel des relations publiques depuis plus de 45 ans dans le domaine du sport canadien et des relations gouvernementales.