Basketball Féminin Nouvelles

Le Bronze Baby et une médaille olympique. Lisa Thomaidis poursuit de grands objectifs.

Pour l’entraîneuse du programme de basketball féminin des Huskies de la Saskatchewan et de l’équipe nationale féminine du Canada, les six prochains mois ont le potentiel de transcender sa carrière, alors qu’elle continue de bâtir un CV  déjà impressionnant.

En même temps qu’une poursuite imminente d'un podium aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, Thomaidis a guidé les Huskies vers une fiche de 15-1 cette saison elles qui sont premières au classement dans la nation. En mars, les Huskies seront prêtes pour une autre conquête du Bronze Baby au top 8 de U SPORTS qui se tiendra à Ottawa.

Mais le succès de Thomaidis à Saskatoon n’a pas été accompli du jour au lendemain. Thomaidis est entrée au programme des Huskies avant la saison 1998-99, devenant l'entraîneuse-chef d’une équipe détenant une fiche de 24-176 lors de ses 200 compétitions de saison régulière précédentes dans la conférence Canada Ouest.

« Au début, il y a eu plusieurs jours où je me suis dit: ‘Comment allons-nous nous rendre en séries éliminatoires ou avoir une fiche gagnante ou construire un programme respectable?’ » se rappelle Thomaidis.

«À l'époque, il n'y avait que six équipes dans la conférence et, en compétition contre Deb Huband, Kathy Shields, Trix Bakers, Shawnee Harle, elles avaient des programmes incroyables. Nous avons grandi très rapidement et nous avons pu nous mesurer aux meilleures du pays. Je pense que cela est une des grandes causes de notre amélioration et de notre compréhension de ce qu’il nous faudrait pour bâtir un programme solide. »

Lentement mais sûrement, Thomaidis a changé la culture au sein du programme des Huskies. En 2000-2001, elle a guidé son équipe à sa première apparition en séries éliminatoires en 18 ans, préfigurant l’avenir imminent d’une réelle puissance de basket-ball sur les Prairies.

Aujourd’hui les préoccupations d’antan de Thomaidis sont dans le passé. Le programme des Huskies est devenu un des grands programmes au plan national, avec une 11e apparition dans le top 8 de U SPORTS au cours des 12 dernières saisons. Sous la tutelle de Thomaidis, la Saskatchewan s'est qualifiée pour les séries éliminatoires en 15 campagnes consécutives, remportant six championnats Canada Ouest au cours de cette période, dont trois bannières de conférence au cours des quatre dernières saisons.

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«Je ne savais pas que tout cela serait possible lorsque je suis arrivée ici pour la première fois», explique Thomaidis. « Je connaissais très peu le programme avant d'être embauché. J'étais si jeune et on ne pouvait que s’améliorer. »

Sa présence et sa stature sur la scène nationale, conjuguées au succès du programme à U SPORTS, ont fait de la Saskatchewan une destination attrayante pour les recrues non seulement au Canada mais partout dans le monde. Les Huskies ont recrutés des athlètes telles que Sabine Dukate, une garde de cinquième année de Lettonie, et Claudia Lomba Viana, une garde de première année et originaire du Portugal, contribuant à renforcer la réputation de leur programme à travers le pays. Dukate a également été nommé Joueuse par excellence de la conférence Canada Ouest et figurait aussi sur la première équipe d'étoiles de U SPORTS la saison dernière.

« Quand on entend parler de joueuses qui souhaitent venir–qu’elles soient locales et ont renoncées à des bourses de la Division I (ou) qu'elles viennent d'une autre province ou d'un autre pays pour faire partie du projet–je pense que c'est le compliment ultime », ajoute Thomaidis. « Je pense que cela en dit long sur notre programme, l’équipe de coaching, la continuité et la culture que nous avons pu construire ici. Je suis certainement très fière lorsque ce sont les types de personnes qui souhaitent rejoindre notre programme. »

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Les Huskies, qui ont passé proche de terminer première au pays en deux saisons consécutives, tenteront de mettre l'accent cette saison sur l'implantation d’un état d’esprit différent. L’espoir est que cette fois, l’équipe atteindra son apogée au bon moment et atteindra de nouveau le sommet du basketball féminin universitaire canadien.

Alors que Joël Embiid est connu pour « faire confiance au processus» en Philadelphie, Thomaidis espère que la devise cette saison sera « apprécions le processus ».

« Nous avons passé beaucoup de temps à en parler et à avoir une attitude un peu plus relax. Beaucoup de nos joueuses l’ont reconnu », explique Thomaidis. « Elles sont très motivées, mais il est facile de perdre de vue cette joie en cours de route si l’on se concentre trop sur le résultat final. Pour nous, nous ne parlons pas beaucoup du résultat final. Nous parlons beaucoup de s’améliorer chaque jour; nous parlons beaucoup d'amélioration, là où nous voyons des changements et là où nous pouvons grandir et à partir de là, les résultats prennent soin d'eux-mêmes. »

Cependant, le changement de philosophie de Thomaidis avec les Huskies cette saison n’a pas été le seul ajustement pour l’entraîneuse de longue date. Équilibrer deux postes de haut niveau est encore plus difficile en 2019-20 vu les engagements en cours de saison de Canada Basketball en raison du nouveau format de qualification olympique de la FIBA.

Thomaidis a été présente sur les lignes de côté des Huskies au cours du week-end dans une paire d'affrontements très attendus à Saskatoon contre les Dinos de Calgary n°2, avant de céder les rênes à l'entraîneuse adjointe Claire Meadows et de changer son focus vers l'équipe nationale canadienne pour un tournoi de qualification olympique à Ostende, en Belgique, prévu du 6 au 9 février.

« Beaucoup de temps, d'énergie et de concentration ont été consacrés à cet objectif (se rendre aux Jeux olympiques)», explique Thomaidis. « Mais en même temps, l’équipe des Huskies se porte très bien. Ayant trois cinquièmes années dans notre équipe, nous ne voulons certainement pas leur couper de temps. Nous voulons leur permettre d’aller au bout de ce qu’elles pourraient faire en terminant leurs carrières universitaires. Nous avons un groupe assez spécial en ce moment. Je partage le temps entre les deux et je consacre définitivement beaucoup de temps à l'équipe nationale, mais en même temps, je m'assure toujours d'être présente pour cette équipe également. »

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Crédit photo: Canada Basketball

Pour Thomaidis, qui a été entraîneuse adjointe pour le programme canadien pendant plusieurs années avant d'être finalement nommée entraîneuse-chef en 2013, un podium est l’objectif final cet été à Tokyo.

Bien qu'il y ait encore du travail à faire, le Canada ayant terminé septième place à Rio 2016, cette fois-ci semble différente. Thomaidis a élevé le Canada au rang de puissance nationale incontestée. Quatrième au classement mondial de la FIBA, le pays est classé plus haut que jamais, avec des attentes aussi hautes.

« De plus en plus de nos joueuses se rendent à la WNBA ou jouent dans les meilleures équipes d'Europe dans la Euro League. Elles sont dévouées et sont toujours revenues dans notre équipe nationale, ce qui est incroyable », explique Thomaidis. « Mais cela vient des attentes plus élevées. Être classée quatrième au monde n’est pas suffisant. Maintenant, nous cherchong à gagner une médaille à un championnat du monde ou aux Olympiques. La pression ne fait qu’augmenter à mesure de monter au classement, et encore une fois, nous savourons ce défi et cette pression. »

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Crédit photo: Canada Basketball

L’on dit qu’ « avoir cette pression est un privilège.» Être dans cette position où nous avons cette pression et cette attente de médaille est une grande chose. Être à un point où le Canada est considéré comme un candidat de médaille en basketball féminin est un énorme accomplissement, mais c’est un objectif non accompli. Jusqu'à ce que nous obtenions cette médaille, nous ne serons pas satisfaites. »

Cela dit, les qualifications sont toujours au centre des préoccupations de Thomaidis. Les Canadiennes se retrouvent dans un groupe avec la Belgique, la Suède et le Japon, qui se sont déjà qualifiés comme hôtes, ce qui signifie que seulement deux places de qualification sont disponibles.

Avec le Japon et la Belgique entrant chacun dans le tournoi respectivement aux neuvième et dixième places, et la Suède à la 22e place, Thomaidis souligne toutefois que la semaine à l'étranger ne sera pas facile du tout pour le Canada.

« Nous devons essentiellement terminer dans les deux premiers sur trois », explique Thomaidis. « Nous avons un tirage difficile; il n'y a aucun doute à ce sujet. Mais pour les Jeux olympiques, nous le savions que ce serait difficile d’y parvenir. Nous allons devoir jouer de notre mieux et nous serons prêtes. »

Les horaires rigoureux amènent des récompenses potentielles. Dans le cas de Thomaidis, cela comprend la conquête d’une médaille olympique, ainsi que son désir de rapporter à la maison le deuxième championnat national de l'histoire du programme Huskies.

Quant à l'immense potentiel des mois à venir, le natif de Dundas, en Ontario, a souligné son été 2015 comme cas de référence. C'est alors que Thomaidis a guidé le Canada vers l'or aux Jeux panaméricains de 2015 à Toronto et au Championnat des Amériques FIBA 2015 à Edmonton, et quelques mois plus tard, a mené les Huskies au titre U SPORTS 2016.

« Ce fut une période assez incroyable », ajoute Thomaidis. « Cette année s'annonce également comme une année vraiment spéciale.»

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Crédit photo: Canada Basketball

La présence de Thomaidis dans le sport canadien est impossible à ignorer. Dans un article en septembre dernier qui classait les 20 figures les plus importantes du basketball canadien, Thomaidis était classé n°6, derrière le président des Raptors Masai Ujiri, l'entraîneur-chef Nick Nurse et la vedette de l'équipe nationale canadienne Kia Nurse.

« J'occupe ce poste depuis si longtemps et je suis impliquée depuis si longtemps, mais c'est quelque chose de l'ouvrir et de voir mon nom, c’est quelque chose que je ne croyais pas être dans le domaine des possibilités», explique Thomaidis. « Encore une fois, chaque fois qu'il y a des femmes sur ces listes, cela peut avoir un impact sur notre sport et le basket-ball et les femmes pratiquant ce sport, c'est génial. Le fait qu’il y avait quelques femmes sur cette liste est superbe, nous devons juste continuer à en avoir de plus en plus. »

La présence continue de Thomaidis dans le sport féminin lui a permis de voir de nombreux moments transcendants au sein du jeu. Cependant, alors que des moments marquants tels que la convention collective de la WNBA récemment annoncée et des opportunités de marketing comme Kia Nurse agissant en tant qu'analyste de March Madness, Thomaidis indique clairement qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour les femmes dans le sport.

« Ce sont vraiment de grands tremplins dans la croissance du sport féminin en général. Nous sommes loin de l'équité, bien sûr, mais tous ces tremplins en cours de route sont un pas dans la bonne direction », explique Thomaidis. « Plus nous pouvons continuer à faire grandir le sport, à l'exposer aux médias grand public, à placer nos athlètes dans les médias au premier plan… ce sont toutes des étapes vraiment importantes qui doivent se produire le plus tôt possible. »

Bien qu’une grande partie de l'attention concernant la croissance du basket-ball canadien se concentre sur le programme masculin, Thomaidis et compagnie ont l'occasion de changer cette tendance au cours des prochains mois, car ils tenteront de créer une histoire impossible à ignorer.

« Il y a beaucoup de fébrilité à l’horizon. »


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Matt est un étudiant de troisième année en anglais à l'Université de la Saskatchewan à Saskatoon, où il occupe le poste d'adjoint à l'information sportive du département des sports des Huskies. Auparavant, Matt a été rédacteur des sports pour le journal du campus The Sheaf. Son portfolio comprend également des articles dans le Saskatoon StarPhoenix, le Regina Leader-Post et le magazine SCOREGolf.

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