Basketball Masculin Nouvelles

Le 31 juillet 2020, au cœur des temps difficiles de la pandémie de COVID-19 qui a bouleversé le Canada et le reste du monde, la vie d’Omar Shiddo a changé à tout jamais. 

Shiddo, qui est maintenant le meilleur pointeur de l’histoire de l’Université Western, s’est fait poignarder dans les côtes. Le couteau a endommagé sa rate, perforé un poumon et le diaphragme et a dû être opéré par laparotomie, une chirurgie intrusive dans la cavité abdominale. Shiddo a passé cinq jours à l’hôpital, dont quatre aux soins intensifs, et a été alité pendant plus d’un mois. 

Sept mois après l’incident, deux gouvernements ont imposé des confinements et 31 agrafes sur son torse plus tard, Shiddo a pris une décision apparemment simple. Il était temps d’être génial. 

« Le 1er février, je me suis simplement dit qu’il était temps d’être génial dans tout. J’étais dans une course avec moi-même et j’essayais d’être la meilleure version de moi. Après la blessure, je n’étais pas en forme et j’avais un style de vie auquel je n’étais pas habitué en tant qu’athlète. » 

Omar Shiddo - Western Mustangs

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Shiddo, un des quatre enfants de parents somaliens, a grandi à Brampton — une mosaïque de culture et de diversité. Le meneur de jeu étoile des Mustangs de Western rend crédit à sa famille tissée serrée qui l’a aidé à progresser malgré ses blessures éprouvantes. 

« Je suis béni d’être dans une famille de quatre enfants et deux parents. J’ai été chanceux d’avoir ma famille avec moi mentalement et émotionnellement, a dit Shiddo. Ç’a été extrêmement difficile et un long processus, mais je suis meilleur maintenant. » 

La confiance en la foi musulmane et la motivation d’être la meilleure personne possible – sur et à l’extérieur du court – a motivé le joueur de cinquième année à vivre selon le mantra TTBG (Time To Be Great), soit le temps d’être génial.   

L’islam enseigne que les pensées sont le pouvoir de l’esprit et que ceux qui croient fermement ne se trouvent pas d’excuse. Ç’a été une motivation divine et ajoutée à l’optimisme intrinsèque, c’est devenu le facteur de motivation dans sa route vers la guérison. 

« Dieu donne des défis à des gens pour une raison, estime le joueur de 24 ans. TTBG en est un aspect, peu importe lequel vous pensez être. Il s’agit d’être un meilleur fils, un meilleur frère et de simplement appliquer cela à chaque facette de la vie, même les études. Dès que j’ai fait ce changement, les choses ont commencé à s’améliorer. » 

Quinze mois après sa chirurgie, Shiddo a inscrit le 1600e point de sa carrière, battant le record de tous les temps de Western. 

Malgré un parcours ardu du lit d’hôpital au retour à Alumni Hall, le court de Western, il était clair que le travail n’était pas fini. Shiddo voulait raconter son histoire, mais selon ses conditions. Trop souvent, la vie et l’histoire des athlètes noirs de la communauté PANDC qui sont dépeintes de manière à entrer dans un cadre d’iniquité inhérente. 

Pour Shiddo, il était important de raconter son histoire à travers la lentille de quelqu’un qui comprend ce que c’est de grandir où il l’a fait, qui comprend la difficulté de succès des athlètes faisant de la compétition au Canada et encore plus, ce que c’est de grandir comme personne noire dans une société qui s’est historiquement acharnée sur les minorités. En raison de son appréhension et son aversion envers le statu quo, Shiddo a contacté un établissement de U SPORTS qui a du cran et raconteur en herbe, Osman « Ozzy » Omar. 

Le vécu d’Omar est semblable à celui de Shiddo, alors qu’ils sont tous les deux de descendance somalienne et musulmane. Ils comprennent ce que c’est de grandir en jouant au basketball dans des quartiers hyper diversifiés. Originaire de Mississauga, Omar a été témoin de cette diversité. 

« Il y a des gens de différentes cultures et de différents contextes socio-économiques, a dit le meneur de quatrième année de l’Université du Cap-Breton. C’est assurément un bon endroit pour grandir et élever une famille tout en montrant aux gens l’inclusivité du Canada. »   

Tout comme celle de Shiddo, l’histoire d’Omar a sa part d’épreuves au passage et il a dû se battre face à l’adversité pour devenir une des plus brillantes vedettes du basketball canadien. 

À l’âge de 16 ans, le natif de Mississauga a perdu son père dans une fusillade dévastatrice le premier jour du ramadan, le mois sacré de jeûne dans le calendrier musulman. Le père d’Oman était un homme qui avait toujours été pratiquant. Après son décès, Omar a senti qu’il devait à son père et à sa famille de rendre l’islam plus courant dans sa vie. 

« Depuis, ça fait partie de moi. Ça me permet de maintenir le cap à travers tout ce qui arrive. Même avec son décès, je comprends que c’est comme ça que fonctionne la vie. Il n’aurait pas voulu que je sois une personne qui s’attarde sur ça ou d’être dans un mauvais endroit. Il voudrait que j’aie la foi et que je reste concentré. » 

Osman Omar - Caper Breton Capers

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La foi d’Omar a été mise à l’épreuve en 2015 quand son rêve de jouer au basketball dans la NCAA a été anéanti. Il jouait au basketball dans une école secondaire privée en Californie quand il a perdu son attestation. Tout comme ses offres des écoles américaines. 

« Être loin de la maison de l’autre côté de l’Amérique a définitivement été difficile pour moi. Ç’a été un an et demi à rester concentrer et savoir comment fonctionne les choses et que tout arrive pour une raison. Je suis juste resté concentré parce que je savais qu’une occasion allait se présenter. C’est ce qui est arrivé à CBU. » 

Même si plusieurs écoles canadiennes ont laissé filer les talents d’Omar, les Capers du Cap-Breton ont trouvé un diamant brut quand ils lui ont donné la chance de concourir dans les rangs de U SPORTS. Omar est depuis devenu un des meilleurs joueurs de la nation, remportant le titre de meilleur pointeur du SUA deux fois. Il est présentement le meneur de son Association avec une moyenne de 25 points par match. 

La pandémie a été éprouvante pour les gens de tous les milieux, particulièrement pour les étudiants-athlètes élites dans l’écosystème U SPORTS. Pouvoir s’entraîner, pratiquer où jouer est devenu presque impossible alors que les sévères restrictions ont limité les rassemblements et a par procuration freiné la capacité des étudiants-athlètes à perfectionner leur art. 

« Sur le court, ç’a été un défi parce qu’il y a un moment où je pensais être dans une trajectoire montante dans ma carrière de basketball, alors que tout s’arrête soudainement a été difficile. » 

Alors qu’Omar n’était pas nécessairement en mesure de s’entraîner avec ses coéquipiers autant qu’il l’aurait aimé pendant la pandémie, il s’est tourné vers ses passions hors court en créant PureJumper Media, une plateforme digitale qui met en vedette les histoires des athlètes universitaires canadiennes. 

« À l’extérieur du court, je suis reconnaissant d’avoir lancé PureJumper et trouvé une nouvelle passion en vidéographie et en cinématographie. Ç’a commencé simplement avec des faits saillants, mais je sentais que ces gens avaient de meilleures histoires. Ce n’était pas juste de visionner ce qu’on vu sur le terrain. [C’est aussi à propos] de leur éducation, des défis qu’ils ont connus, leurs succès et leurs échecs. » 

Quand est venu le temps de raconter une histoire TTBG, la combinaison de l’expérience turbulente de Shiddo et la compréhension d’Omar de son monde ont eu comme résultat une union logique entre les deux meilleurs joueurs de la nation. 

« Ozzy et moi nous connaissons depuis un moment déjà. Nous sommes tous les deux Somaliens. Je me souviens quand j’ai eu l’idée de souligner TTBG et mon histoire, c’est la première personne qui m’est venue en tête. Mon grand frère Ahmed et moi en parlions et on a procédé à un remue-méninge à savoir qui pourrait le faire, a dit Shiddo. Ça devait être une personne qui peut mettre l’histoire en valeur et de façon plus importante, de la comprendre. C’est parfait parce que nous venons du même milieu. Nous sommes les mêmes. » 

La devise TTBG a depuis gagné l’attention nationale, faisant partie des célébrations du Mois de l’histoire des Noirs de Sportsnet. L’histoire racontée à travers la lentille d’un autre musulman noir au Canada est primordiale pour son authenticité, a dit Omar. 

« C’est très important de montrer aux gens la réalité et l’authenticité. Entendre l’histoire d’une personne noire venant d’une personne noire frappe évidemment différemment. Vous pouvez voir qu’il y a un même niveau de vérité et la fiabilité et tout ça est très important. Quand vous entendez ces histoires, comme personne noire, vous ressentez une connexion. » 

Osman Omar - Cape Breton Capers

Alors qu’il y a eu une progression dans la société et dans les sports, il y a toujours du travail à faire d’un point de vue sociétal dans le domaine de l’équité et de l’inclusivité.   

« Le Mois de l’histoire des Noirs est évidemment génial, mais je ne veux pas que ça s’arrête là, a dit Omar. La promotion de l’excellence noire et des histoires noires à succès doit être faite à longueur d’année. » 

Shiddo et Omar veulent combiner leur amour du basketball avec l’envie irrésistible de redonner aux communautés qui ont aidé à façonner leurs carrières athlétiques. À travers l’initiative nommée « Mending a Crack in the Sky Foundation » (MCIS), le duo transformera les points en dollars – pour chaque point marqué, trois dollars seront versés pour aider les familles touchées par la violence par arme à feu. 

Ils sont deux des meilleurs athlètes de U SPORTS, mais leur héritage va au-delà du plancher de bois peint. 

Shiddo et Omar raconteront leur histoire dans le cadre des Conversations U SPORTS, un événement en direct qui célèbre le Mois de l’histoire des Noirs mettant en vedette quelques personnalités noires remarquables liées au sport universitaire au Canada, prévu le mardi 22 février.