Cross-Country Masculin Nouvelles

Dans sa première année d’université à McMaster, Evan Ubene cherchait à surprendre.

Tout au long de l’école secondaire, Ubene a joué au soccer et a fait du cross-country et de l'athlétisme. Au cours de son avant-dernière saison au secondaire, il a décidé de se concentrer sur ces derniers. Que ce soit sur la piste ou sur le terrain de soccer, Ubene a toujours pensé qu'il était capable de plus.

Le coureur de Windsor, en Ontario, savait qu’il était en bonne forme et prêt à atteindre enfin son plein potentiel à l’université. Au milieu de cette première année, cependant, une secousse de douleur éclatait du côté gauche de son bas du dos chaque fois qu’il commençait à courir. Il s’agissait d’une douleur inconnue pour Ubene. Et pour quelqu'un qui avait déjà eu à lutter énormément tout au long du secondaire, ce problème de dos était un autre obstacle qui l'empêchait de réaliser les objectifs qu’il avait imaginé plus jeune.

Ne sachant pas ce qui lui causait cette douleur, Ubene a mis fin à sa première année au sein de l'équipe de course universitaire des Marauders avant le début de la saison de piste intérieure. Il espérait qu’une brève pause du sport qu’il aimait tant lui permettrait de guérir son problème.

Ubene a choisi McMaster pour son département de génie chimique et de gestion et pour son programme de course de renom. Il était ravi de pouvoir contribuer au début de sa deuxième année. Mais la même blessure l’a empêché de participer.

Même après la consultation de plus 10 thérapeutes sportifs différents et même après un long repos, le dos d'Ubene ne guérissait pas et il est lentement tombé dans une profonde dépression. À sa troisième année, il n'a pas pu courir et ne comptait plus parmi la liste d'athlètes de McMaster.

« L'une des deux principales raisons pour lesquelles j’étais venu à McMaster semblait être terminée », explique Ubene.

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En 2014, Ubene a révélé au Windsor Star qu’il avait eu un trouble alimentaire au secondaire. Après une course de cross-country décevante en 3e secondaire, Ubene avait réfléchi à  des moyens de s’améliorer et il pensait qu’une perte de poids améliorerait sa performance. Le jeune, mesurant 5 pieds 3 pouces, a perdu 10 livres de ses 105 livres avant sa saison de piste extérieure, avant que ses parents ne le convainquent de voir un conseiller.

À la suite de conseils, Ubene a créé une vidéo décrivant les risques d’anorexie et les effets des troubles alimentaires sur les adolescents. Il a également parlé de son histoire et sa lutte contre l'anorexie et l’a soumise à un concours de bourses de 5 000 $ organisé par SOS Safety Magazine. Le concours national avait invité les étudiants de partout au Canada à créer des vidéos décrivant des moyens ou des ressources à consulter pour prévenir les problèmes ayant une incidence sur la société tels que l’intimidation, la toxicomanie ou les troubles de l’alimentation.

La vidéo d'Ubene a été sélectionnée parmi huit finalistes, puis ensuite choisie co-gagnante avec une vidéo d’un autre étudiant ontarien sur les relations sécuritaires.

« Plus il y a de gens qui partagent leurs histoires concernant ce genre de problème, plus les autres auront l'impression que ce n’est pas bizarre d’en parler», explique Ubene, six ans après avoir remporté la bourse. « L’on peut prendre des médicaments pour ces problèmes. Mais en fin de compte, le moyen de se remettre complètement de troubles mentaux comme celui-ci est d’en parler et d’exprimer nos sentiments. »

À l'hiver 2017, à sa troisième année à McMaster, Ubene chutait encore. Son problème de dos, finalement diagnostiqué grâce à une IRM qui a détecté une vertèbre de transition dans le côté gauche de son dos, lui causait toujours une gêne et il ne pouvait toujours pas courir. Essentiellement, dit Ubene, ses vertèbres S1 n'ont jamais fusionné correctement, et comme les vertèbres lombaires ne sont pas aussi rigides que les vertèbres sacrées, la condition a créé une instabilité et de la douleur de ce côté quand il courait. Les vertèbres ont provoqué une inflammation et une tension musculaire dans son côté gauche qu'il a supposé était irréparable.

Ubene explique qu’il était pris dans une «boucle infinie» où il rendait visite à un thérapeute, ce qui l’aidait pendant un certain temps, avant que son dos ne revienne à son état d’origine et recommence à faire mal. Sans pouvoir utiliser la course à pied comme échappatoire, Ubene avait beaucoup plus de temps pour se vautrer dans ses propres pensées et s’est rapidement retrouvé à la recherche d’une nouvelle échappatoire. Bien qu’il ne pouvait pas participer, il trouvait le moyen d’assister aux courses pour sentir qu’il faisait encore partie de l’équipe et de la communauté de course canadienne.

« La pire chose quand on est déprimé, c’est d’être seul, » dit-il. « Certaines pensées montent à l’esprit   qui ne sont pas bonnes. Lorsqu'on est entouré de gens, on a moins de temps de laisser de la place à ces pensées. »

Mais il avait toujours envie de ressentir qu’il faisait partie de l’équipe et du sport de la course, alors Ubene s’est tourné vers Twitter.

« Je n’avais rien d'autre à faire. J’avais tellement de temps tout seul dans mes pensées et je cherchais une échappatoire », explique Ubene en riant. « Je suppose que mon échappatoire a pris la forme de gazouillis rigolos ».

Ubene lançait alors un compte Twitter en février 2017. Le compte est rapidement devenu populaire sur la scène de cross-country et d’athlétisme universitaire avec son ton blagueur et ses prévisions et commentaires sur le sport.

 « Ça me donnait l’impression d’être toujours impliqué dans (la course) et d'être dns le vif du sujet au lieu de tout regarder de l’extérieur », explique-t-il. « Aussi, le fait que des gens partout au pays lisait et suivait mes publications me donnait l’impression d’être plus impliqué. »

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Crédit : Jonas Pikelin

Mais cela ne changeait pas qu’Ubene voulait toujours courir.

Au fur et à mesure que le compte Twitter gagnait en popularité, il lui a fallu près de trois ans — en utilisant une variété d'exercices et de techniques prescrits —  avant de pouvoir se mettre en forme et rejoindre l’équipe de McMaster dans sa quatrième année. Bien qu’il eût pu courir quelques courses au cours des deux dernières années, Ubene croyait que les chances étaient minces qu’il ferait partie de la formation de McMaster qui s'était classée troisième aux Championnats de cross-country U SPORTS 2018 avant la campagne 2019.

Au cours de la dernière saison de cross-country, Ubene s'est classée constamment parmi les sept premiers de McMaster et a obtenu une place sur la liste des Marauders pour les Championnats U SPORTS en novembre dernier.

Parmi les principales raisons de son retour, il souligne l’aide de l'entraîneuse-chef Paula Schnurr, qui a su guider son retour à la course. Plus précisément, dit-il, Schnurr est flexible aux besoins individuels de ses athlètes et a aidé Ubene à se sentir toujours dans l’équipe pendant les entraînements malgré son horaire personnalisé en raison de sa blessure au dos.

Jour et nuit, dit Schnurr, alors qu’Ubene était blessée, elle le voyait travailler pour atteindre une forme physique qui lui permettrait de contribuer à l'équipe.

« Parfois, je le voyais apparaître tout seul, car il ne pouvait venir à l’entraînement de groupe, et il s’entraînait dans le noir. Nous plaisantions parce que l'un de ses défis était d’essayer de se coucher tôt le soir, mais parfois je sortais dans notre quartier promener le chien à 22 :00 et je voyais Evan passer – il est juste comme cela.

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Crédit : Ian MacAlpine

Guelph a devancé McMaster de huit points aux championnats de cross-country de l’Ontario, mais lors de la compétition U SPORTS deux semaines plus tard, les deux équipes ont terminé à égalité au deuxième rang avec exactement 82 points. Le frère d'Evan, Mitch, qui court pour Guelph, a terminé deuxième au championnat national. Evan a franchi la ligne d'arrivée à la 35e place, 24 secondes après Mitch, et a pensé que ce n'était pas suffisant pour vaincre l'équipe de son frère au classement final.

« Je pensais que je devrais être parmi les 30 premiers pour battre Guelph », dit Evan. « J'ai donc franchi la ligne en pensant que nous ne les avons pas battus. »

Cependant, en tant que cinquième coureur et marqueur final de McMaster, Evan a battu le cinquième coureur de Guelph de quatre places pour devancer Guelph et donner aux Marauders la médaille d'argent nationale. « C'était assez incroyable de voir comment les choses se sont passées, dans le moment (après la course). Je réfléchissais à ce compte Twitter qui a été l'étincelle qui m’a conduit vers ce moment. »

C'était la surprise inespérée qu’Ubene savait l’attendait depuis son arrivée à McMaster il y a six ans.


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Josh est un étudiant de quatrième année en rédaction à l'Université de Victoria. Il est rédacteur principal au journal du campus de l'Université de VictoriaThe Martlet, et a écrit pour le Globe and Mail et Tyee. Josh est également membre de l'équipe universitaire de cross-country et d'athlétisme pour les Vikes de Victoria.

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