Hockey Féminin Nouvelles

U SPORTS s’entretiendra avec un athlète, un entraîneur et un membre du personnel de chacun de ses programmes sportifs dans le cadre de sa série d’entrevues « Faites connaissance avec… ».

  • Nom : Lisa Haley
  • École : Université Ryerson
  • Sport : hockey féminin
  • Poste : entraîneuse-chef
  • Ancienneté : 8e saison
  • École ou poste précédent : entraîneuse-chef, Université Saint Mary’s
  • Ville natale : Westville, Nouvelle-Écosse

1. Comment en êtes-vous venue à entraîner pour la première fois? Quel a été votre parcours pour en arriver à obtenir le poste d’entraîneuse-chef à l’Université Ryerson?

J’ai joué au hockey à l’Université Concordia de 1991 à 1996 alors que j’étudiais pour obtenir un baccalauréat en sciences de l’exercice. Lors d’un stage en thérapie du sport à l’Université Saint Mary’s à Halifax, j’ai commencé à entraîner bénévolement l’équipe féminine de hockey, qui était un club à ce moment-là. Le moment était idéal, puisque le hockey féminin est devenu un sport de championnat au sein de l’Union sportive interuniversitaire canadienne, désormais U SPORTS, la saison suivante, soit celle de 1997-1998. Le directeur des sports de l’époque, Larry Uteck, m’a demandé d’accepter un poste à un niveau supérieur et d’entraîner l’équipe universitaire. Nous avons connu un excellent départ en remportant la conférence de l’Association sportive interuniversitaire de l’Atlantique, maintenant appelée Sport universitaire de l’Atlantique, dès la première année. Je n’ai jamais regardé en arrière et je suis entraîneuse au niveau U SPORTS depuis ce temps. Je crois qu’il ne reste plus que Howie Draper et moi-même de cette première saison. J’ai cependant pris une année sabbatique pour entraîner l’équipe olympienne, alors je pense que Howie est là depuis plus longtemps que moi!

2. Qui vous a le plus influencée en tant qu’entraîneuse?

J’ai eu des directeurs sportifs exceptionnels à l’Université Université Saint Mary’s, dont Larry Uteck, Kathy Mullane et Dr David Murphy. Ils ont tous été des leaders remarquables, chacun ayant leur propre style. J’ai énormément appris de ces personnes en ce qui concerne le professionnalisme, l’établissement et la réalisation d’attentes, la gestion des gens et des personnalités, la persévérance et bien d’autres choses encore. Depuis mon arrivée à Ryerson il y a sept ans et après avoir travaillé sous la direction d’Ivan Joseph, directeur des sports à l’époque, j’ai appris à développer ma vision, à sortir des sentiers battus, à tenir pour acquis que tout est possible et à caresser de grands rêves. Lorsque l’on constate le chemin qu’a parcouru Ryerson Athletics en seulement dix ans grâce à lui, on ne peut que prendre conscience de son savoir-faire. Ma carrière à Hockey Canada, qui est tout aussi importante pour moi, se déroule parallèlement à ma carrière d’entraîneuse au niveau universitaire et m’a permis de travailler avec la crème de la crème au sein de la profession. La liste des personnes qui m’ont influencée est très longue, mais on y trouve notamment Julie Healy et Les Lawton de l’Université Concordia, Mel Davidson, Wally Kozak, Darryl Belfry, Kevin Dineen et Danielle Goyette de Hockey Canada, et Ken Dufton de l’Université Ryerson. Ces personnes ont toutes joué un grand rôle dans mon développement à titre d’entraîneuse de hockey. Finalement, Dina Bell Laroche m’a énormément aidée à dépasser mes limites personnelles et à atteindre des niveaux que je ne croyais pas possibles. J’ai beaucoup de chance et je suis très reconnaissante d’avoir trouvé des modèles si solides à chaque étape de mon parcours.

3. Comment décririez-vous votre style en tant qu’entraîneuse?

Je dirais que mon style est axé sur l’enseignement et empreint de patience. Je crois en chacune de mes joueuses et je suis d’avis qu’elles ont toutes une force qui contribue au succès de notre équipe. Chaque joueuse apprend et se développe à son propre rythme, est c’est pourquoi la patience est si importante. Je crois également que les joueuses doivent pouvoir choisir leur position en expérimentant le plus de situations possible tôt dans la saison. Ainsi, leur rendement détermine leurs forces individuelles. Je dirais aussi que j’ai des attentes élevées envers moi-même, mon personnel et nos joueuses. Je n’aime pas les gens qui prennent des raccourcis ni ceux qui profitent des autres ou d’une situation. Selon moi, tout le monde doit s’efforcer d’atteindre son plein potentiel. Plus nous nous rapprochons de celui-ci, plus nous tendons vers le succès de notre équipe.

4. Quel entraîneur admirez-vous le plus? Pourquoi?

En tant que femme, je sais que je devrais nommer une femme et je pourrais en nommer plusieurs qui le mériteraient. Cependant, si je suis totalement honnête, l’entraîneur que j’admire le plus est Ken Dufton, suivi de très près par Wally Kozak.

Ken Dufton est entraîneur de hockey depuis plus longtemps que je suis en vie, et il continue de s’investir corps et âme dans le hockey féminin. Il a pris sa retraite de son emploi de gérant à la Régie des alcools de l’Ontario il y a maintenant cinq ans. Cette année, il entraîne quatre équipes féminines de différents niveaux. Il a fondé la Toronto Aeros Girls’ Hockey Association et y a été entraîneur; il entraîne d’ailleurs toujours l’équipe Midget AA. Il entraîne également une équipe de filles au sein d’une école préparatoire à Toronto, il est entraîneur adjoint dans mon équipe à Ryerson et il vient d’être engagé comme conseiller pour les Furies de Toronto, équipe de la Ligue canadienne de hockey féminin. Je n’ai jamais rencontré d’entraîneur aussi passionné, dévoué, intelligent et professionnel que Ken dans ma carrière. Maintenant dans la soixantaine, il saute sur la patinoire trois fois par jour, plusieurs fois par semaine, pour diriger des entraînements. Ses journées commencent à six heures et se terminent à vingt-et-une heures, et il assume toutes ces responsabilités bénévolement! Je ne peux qu’espérer avoir la même passion pour le jeu lorsque j’aurai son âge!

5. Quelle est la chose la moins conventionnelle que vous ayez faite en tant qu’entraîneuse?

C’est une bonne question, parce que ceux qui me connaissent savent que je suis une personne organisée et structurée dans la vie. Je suppose que l’on pourrait considérer comme non conventionnelle la période où mon fils était bébé. Je ne voulais pas que mon emploi d’entraîneuse m’empêche d’être une bonne mère, et je ne voulais pas que mon rôle de mère fasse obstacle à celui d’entraîneuse. Par conséquent, dès sa naissance, mon fils a voyagé partout avec notre équipe (et où que j’allais avec Hockey Canada). Je me souviens que j’installais son siège d’enfant sur les sièges des autobus et qu’il faisait les trajets de nuit sur la route avec nous lorsqu’il n’était âgé que de deux semaines. Je me souviens aussi que nous avons pris l’avion jusqu’en Allemagne avec l’équipe U22 de Hockey Canada pour un tournoi alors qu’il avait seulement onze semaines. Les fois où j’ai dû l’allaiter entre des périodes de jeu sont innombrables. Être entraîneuse et mère à temps plein n’est assurément pas chose facile, et je sais que les statistiques montrent que de nombreuses femmes délaissent la profession pour cette raison. Je ne voulais pas être une statistique. Je voulais être un modèle pour mes jeunes joueuses et leur montrer qu’il est possible de réussir à concilier travail et famille.

6. Quel est votre plus grand moment ou votre plus belle réussite en tant qu’entraîneuse?

C’est d’avoir été entraîneuse aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014. C’était un rêve que je chérissais depuis très longtemps, et le fait d’avoir remporté la victoire, et la façon dont nous y sommes arrivées, était assez spécial. Ce que les Canadiens ignorent, c’est qu’il y a énormément de préparation et d’engagement requis avant les parties, et que nous avons littéralement versé sang, sueur et larmes pour obtenir le résultat qu’ils voient à travers leur téléviseur. Être responsable, en tant qu’entraîneuse adjointe, de bâtir cette équipe, de découvrir le parcours personnel de nos joueuses et ce qu’elles ont investi pour tenter de remporter une médaille d’or pour le Canada, et déménager ma famille à Calgary le temps du processus centralisé de six mois, c’était tout un défi et c’est une expérience qui a changé ma vie. Les sacrifices que font nos familles lorsque nous devons les quitter sont très difficiles. Leur présence aux Olympiques a été extraordinaire.

À elle seule, la partie nous a fait vivre une montagne russe d’émotions! Au départ, nous perdions 2-0, puis, à la troisième période, nous avons marqué deux buts et créé l’égalité. Ensuite, l’équipe américaine a marqué un troisième but dans un filet désert. Nous avons finalement remporté la victoire en prolongation et en avantage numérique. La partie a été réellement spectaculaire! La présence de mon mari et de mon fils dans les estrades et le fait qu’ils aient été témoins de chaque moment était incroyable. J’ai pleuré de façon incontrôlable lorsqu’ils sont descendus sur la glace et que j’ai pu les serrer dans mes bras et les embrasser. De partager la médaille d’or et les célébrations avec eux, avec le personnel et avec les joueuses à ce moment-là, c’était incroyable. Ce fut pour tous la meilleure soirée de notre vie.

7. Quel est le meilleur conseil que vous pouvez donner à un athlète et à des parents?

Le meilleur conseil que je pourrais donner aux athlètes potentiels et aux parents serait de prendre leur temps pour bien réfléchir aux écoles qui les intéressent. Lorsque vous prenez votre décision, choisissez l’option qui vous convient le mieux, peu importe l’organisme (que ce soit la National Collegiate Athletic Association, U SPORTS, l’Association canadienne du sport collégial ou un autre). C’est votre expérience universitaire qui est en jeu, alors faites ce qu’il y a de mieux pour vous. Je vous suggère de prioriser le programme scolaire, puis la vie sur le campus en vous posant les questions suivantes : le campus est-il dans un milieu urbain ou rural? Quelle est sa taille? Combien y a-t-il d’étudiants? Concentrez-vous sur le programme de hockey en troisième lieu seulement. Étant moi-même une ancienne étudiante-athlète, je crois fermement que cette façon de faire est à privilégier. Assurez-vous que les études sont votre priorité et que le sport vient en deuxième. Évitez également de sauter sur la première école qui vous montre de l’intérêt.

8. Comment avez-vous changé en tant qu’entraîneuse au fil du temps? Quelles valeurs et quels principes sont restés identiques?

Je suis certainement devenue une entraîneuse plus patiente avec le temps. Mon point de vue sur mon rôle s’est élargi. Lorsque j’étais une jeune entraîneuse, je passais par toute la gamme des émotions à chaque partie que nous jouions, et je ne souhaitais que gagner. Au fil du temps, j’ai compris qu’il y avait beaucoup plus à gagner que des buts. En tant qu’entraîneuse, mon rôle est d’aider mes joueuses à atteindre leur plein potentiel, et ce, dans tous les aspects de leur vie. Pour ce faire, elles doivent se faire confiance, être responsables et se montrer authentiques. De cette façon, je suis plus susceptible de leur laisser du jeu dans leur rendement, à condition qu’elles assument leurs responsabilités et qu’elles soient authentiques dans leurs intentions et dans leurs gestes. Si elles prennent des raccourcis, je ne tiens pas le même discours.

J’ai également changé en ce qui a trait au leadership. J’avais l’habitude d’essayer d’avoir le contrôle sur tous les moments clés de l’équipe. Je voulais être la seule voix dans la pièce entre les périodes, contrôler le cri de ralliement, être la personne qui résout les problèmes des membres de mon équipe, et ainsi de suite. Le problème avec cette approche est qu’il est humainement impossible d’être présent à chaque moment clé. Ainsi, si je n’ai pas déjà développé le leadership au sein de mon équipe, nous échouerons dans ces moments. J’investis donc une bonne partie de mon temps et de mes efforts dans le développement du leadership avec mon équipe. J’ai découvert à quel point il est important de faire confiance et de donner une voix à l’équipe et au personnel entraîneur. Pour y arriver, ils doivent me connaître et je dois les connaître. Notre relation est primordiale. J’accorde du temps à nos conversations. Nous avons des discussions constructives sur les problèmes de l’équipe, puis nous avançons ensemble. J’ai appris que les conversations ne sont pas seulement une partie des relations, elles SONT les relations.

Ce qui n’a jamais changé au fil des ans, ce sont mes valeurs fondamentales d’intégrité, de transparence et de confiance. Je crois que j’agis avec intégrité chaque jour en particulier dans les décisions que je prends, et j’ai conscience du fait qu’il ne devrait pas y avoir de relâchement momentané dans mon intégrité. Mes joueuses aiment le fait que je sois transparente lorsque je communique avec elles, et que mes observations soient respectueuses et formatrices. Le niveau de confiance est ainsi très élevé.

9. Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’êtes pas en train de coacher?

Ce que je préfère lorsque je ne suis pas derrière le banc des joueuses, c’est sans contredit de passer du temps avec ma famille. J’adore le plein air et j’aime conduire ma moto, passer du temps au chalet et faire du camping, de la pêche et du golf. Bref, j’aime toutes les activités qui se déroulent à l’extérieur! Mon fils pratique le hockey et la crosse au niveau compétitif, et aime conduire son scooter. Le regarder jouer et simplement être une maman dans les estrades sans avoir les responsabilités d’une entraîneuse me plait énormément.

10. Quelle est la chose la plus embarrassante qui vous soit arrivée en tant qu’entraîneuse?

Il y a quelques années, j’ai organisé une partie hors concours entre mon équipe de Ryerson et celle de la Chine. Pour une raison quelconque, dans toutes mes correspondances avec le gérant de cette équipe, j’ai écrit comme date le 5 octobre, mais j’avais réellement en tête le 5 décembre. Je n’ai jamais remarqué cette erreur.

Le 5 octobre, j’étais à notre chalet familial au nord de l’Ontario pour la longue fin de semaine de l’Action de grâce. Alors que j’étais partie à la chasse aux oiseaux, j’ai reçu un appel du responsable de la patinoire qui m’a dit que l’équipe de Chine était arrivée et qu’elle se demandait quel vestiaire elle devait utiliser. Je n’en croyais pas mes yeux lorsque je suis retournée lire mes courriels. J’avais effectivement organisé avec le gérant une partie le 5 octobre alors que pendant tout ce temps, j’avais en tête le 5 décembre. Je n’avais même pas réservé la patinoire pour le 5 octobre, alors les joueuses ne pouvaient même pas s’entraîner sur la glace! C’est assurément la chose la plus stupide que j’aie faite en tant qu’entraîneuse. Finalement, comme l’équipe chinoise avait organisé plusieurs parties pendant leur voyage, elle a heureusement pu se mesurer à d’autres équipes de Sports Universitaires de l’Ontario.