Soccer Féminin Nouvelles

Quand elle est arrivée au Canada, Bruna Mavignier désirait simplement qu’on lui donne l’occasion de jouer au soccer.

Aujourd’hui, près d’une décennie après avoir rejoint les rangs de l’équipe féminine de soccer des Bisons de l’Université du Manitoba, elle s’est donnée comme mission de rester étroitement impliquée dans le soccer et de redonner au sport qu’elle a pratiqué plus jeune.

Mavignier est maintenant entraîneure à l’échelle nationale. À titre préparatrice physique junior à l’Institut canadien du sport de l’Ontario, l’ancienne joueuse des Bisons travaille avec Canada Soccer, alors qu’elle cherche à exercer une influence positive sur la prochaine génération de joueuses de soccer au Canada.

« C’est très spécial de pouvoir jouer un rôle qui me permet de travailler avec les jeunes parce que ces filles-là sont déjà des athlètes de haut niveau, a déclaré Mavignier. Tu as la chance de les aider, de leur enseigner des choses et de les former — non seulement au soccer, mais aussi en tant qu’athlètes de haute performance et dans la vie en général aussi. »

Plus récemment, celle qui est née à Fortaleza, au Brésil, a mis à profit ses compétences comme entraîneure émergente et scientifique du sport avec l’équipe nationale canadienne des moins de 17 ans quand celle-ci s’est rendue en République dominicaine en avril pour y disputer les qualifications de la Concacaf pour la Coupe du Monde U-17 Féminine de la FIFA. Elle a aussi œuvré pour l’équipe canadienne U-20, qui représente le dernier échelon avant l’équipe nationale senior.

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« Tu as l’occasion d’exercer une plus grande influence sur leurs vies qu’à l’âge adulte, a expliqué Mavignier. Même avec les U-20, j’ai vécu une expérience extraordinaire là-bas parce certaines de ces joueuses ont déjà passé un peu de temps avec l’équipe senior… et elles sont quand même super humbles, super gentilles et c’est très stimulant de travailler avec elles. »

Programme d’apprentissage pour femmes entraîneures

Le parcours de Mavignier qui l’a amenée à travailler avec Canada Soccer n’a pas été sans heurts, alors que sa route vers le niveau national a été parsemée d’embûches. Mavignier a subi des blessures qui l’ont forcée à réfléchir à sa façon d’aborder le soccer et l’ont amenée à modifier ses objectifs en raison des défis qu’elle a dû relever.

Vers la fin de sa carrière de joueuse avec les Bisons, Mavignier voulait continuer de baigner dans le soccer, un milieu qu’elle adore. L’entraîneure-chef des Bisons Vanessa Martinez Lagunas, qui avait travaillé avec Mavignier depuis l’arrivée de cette dernière en 2013, l’a embauchée au poste d’entraîneure adjointe à l’Université du Manitoba.

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« Quand j’ai obtenu mon diplôme et complété mon parcours avec les Bisons comme joueuse, je lui ai fait savoir que je voulais continuer de travailler avec les Bisons, même bénévolement, a indiqué Mavignier. Je lui ai dit que j’étais incapable de quitter l’équipe. J’adorais cette équipe. Je voulais continuer d’être impliquée et aider, et redonner à l’équipe qui m’a tant aidée. »

Au cours de la saison 2019-2020, U SPORTS a lancé le Programme d’apprentissage pour femmes entraîneures, dont le but était d’accroître le nombre de femmes qui occupaient des postes d’entraîneures dans les universités canadiennes. Cette initiative permet de jumeler des apprenties entraîneures récemment diplômées à des entraîneures-chef dans l’un ou l’autre des 11 sports officiellement sanctionnés par U SPORTS qui offrent un programme destiné aux étudiantes-athlètes.

Lagunas lui a fait connaître le programme et elle est devenue la mentore de Mavignier, accélérant ainsi son développement en tant qu’entraîneure.

« Pour les jeunes étudiantes-athlètes qui viennent de conclure leurs études et qui veulent travailler comme entraîneures, c’est une bonne façon de lancer sa carrière avec quelqu’un qui veille sur toi, qui te donne des conseils et qui est là pour te soutenir. Vanessa avait aussi senti l’envie de m’aider et c’était une formidable occasion sur le plan financier, surtout pour quelqu’un qui n’en était qu’à ses débuts. »

Bruna Mavignier - préparatrice physique junior à l’Institut canadien du sport de l’Ontario

Se retrouvant dans une situation où elle aurait occupé à toutes fins utiles un poste bénévole sans le financement qui était associé au programme, Mavignier a profité de l’occasion pour élargir ses horizons dans le cadre de son développement comme entraîneure. Elle souligne que c’est grâce au Programme d’apprentissage pour femmes entraîneures si elle a connu autant de succès dans son cheminement jusqu’ici.

« C’est bien de pouvoir avoir un petit peu d’argent pour s’aider un peu. Tu veux pouvoir consacrer du temps à ces choses-là et tu ne peux pas vivre sans revenus, a indiqué Mavignier. Il y a aussi du financement qu’on te donne pour faire du perfectionnement professionnel. C’est comme ça que j’ai pu suivre deux cours vraiment intéressants, qui étaient davantage axés sur la physiologie de l’exercice et que j’ai vraiment adorés. C’est là un autre incitatif pour avoir plus de femmes entraîneures. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir eu l’occasion d’y participer et ça m’a vraiment aidée à me retrouver là où je suis actuellement. »

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Des gymnases de futsal aux terrains de soccer

Dans la grouillante ville de Fortaleza qui accueille près de trois millions de personnes sur la côte nord-est du Brésil, le soccer fait partie de la vie de tous les jours.

Puisque les espaces verts sont rares, ceux et celles qui ne jouent pas au soccer organisé ont tendance à se retrouver à l’intérieur pour pratiquer le sport qu’ils adorent. Plusieurs Brésiliens gravitent vers le futsal, ce sport rapide qui se joue à cinq contre cinq, parce qu’il est plus facile d’avoir accès à des gymnases intérieurs.

Pour Mavignier, le passage du jeu à cinq contre cinq à sa version plus traditionnelle à 11 n’a pas été facile. Le défi physique que représente le fait de devoir courir sur un aussi grand terrain a été particulièrement éprouvant pour elle à son arrivée au Canada. L’entraîneure-chef Vanessa Martinez Lagunas a toutefois pris le risque et elle a travaillé avec Mavignier pour l’amener à afficher la forme physique nécessaire.

« Pour être honnête, ç’a été très difficile. Il a fallu m’adapter au rythme du jeu. C’est un sport complètement différent physiquement. Tactiquement aussi. Ça reste du soccer en fin de compte, mais physiquement, c’était complètement différent. Mon corps n’en avait pas du tout l’habitude. Vanessa et moi avons dû travailler beaucoup pour me mettre en forme et me permettre de gérer un match complet de 90 minutes à ce niveau d’intensité. L’aspect physique a été très difficile. C’est peut-être pourquoi je suis ensuite devenue préparatrice physique. »

Malgré l’adaptation qu’elle a dû faire pour passer à une version différente de son sport, Mavignier a eu un effet immédiat en 2014 en tant que recrue chez les Bisons du Manitoba, elle qui a marqué huit buts en 12 matchs avant d’ajouter six filets en six rencontres en 2015.

Les blessures ont aussi représenté un défi important pour Mavignier, qui a subi une déchirure au ligament croisé antérieur pendant sa deuxième campagne, attribuable en partie au volume d’entraînement élevé qu’elle a dû faire sur une surface artificielle — quelque chose que Mavignier ne connaissait pas du tout à l’époque.

Mavignier a subi une autre déchirure au ligament croisé antérieur — à l’autre genou cette fois —, ce qui l’a obligée à rater la saison 2017 au complet.

Nombreux sont les jeunes athlètes qui sont confrontés à de graves blessures. Même si on est tenté d’essayer de jouer malgré la douleur, d’habitude il vaut mieux reconnaître dès le départ que la route menant à la guérison sera probablement longue. Les contretemps que Mavignier a vécus à l’époque où elle s’alignait avec les Bisons ainsi que les connaissances qu’elle a acquises en tant que préparatrice physique l’ont aidé à façonner l’approche qu’elle adopte maintenant dans le cadre de son travail d’entraîneure. 

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« Les jeunes athlètes veulent juste jouer. J’étais comme ça aussi. Je voulais jouer malgré les blessures. Je voulais obtenir des minutes de jeu, marquer des buts et c’est tout ce que je voulais, mais parfois il faut faire preuve d’un peu de patience, écouter son corps et se donner du temps. Je ne dis pas de ne rien faire. Quand tu es blessée, il faut en faire encore plus, mais d’une façon différente. Tu dois t’adapter et modifier des choses. »

Au départ, quand Mavignier fréquentait l’Université du Manitoba, elle cherchait à se servir de ses études en kinésiologie pour l’aider en tant qu’athlète. Quand les blessures l’ont forcée à prendre une pause comme joueuse, elle a commencé à se servir de ses connaissances en physiologie pour aider la prochaine génération de joueuses au Canada.

« J’ai toujours été attirée par l’aspect des sciences du sport et du conditionnement physique, mais je m’intéressais surtout au corps humain, à la façon comment nous bougeons et comment notre organisme fonctionne, a affirmé Mavignier. Quand j’ai commencé en science du sport, je voulais m’aider moi-même en tant qu’athlète tandis que maintenant, je cherche plus à aider les autres à connaître du succès, à prévenir les blessures et [à développer] de meilleures joueuses. »

Bien que les blessures aient exercé une influence sur les techniques d’entraînement que Mavignier utilise en dehors du terrain, le futsal qu’elle a pratiqué pendant sa jeunesse a fortement inspiré ses préférences comme joueuse et comme entraîneure.

« La maîtrise du ballon et la vitesse du jeu sont des éléments très importants au futsal et ça influence assurément ma façon de faire parce que partout où j’ai joué et où j’ai travaillé comme entraîneure, ça faisait partie de mes attentes. Je voulais que nous puissions garder le contrôle du ballon, je voulais que nous puissions réussir des petites combinaisons rapides et la vitesse du jeu —- dès que tu touches au ballon, il faut faire une passe et ensuite se déplacer. Passe et bouge, passe et bouge. C’est encore comme ça que je joue aujourd’hui. C’est à ça que je m’attendais de la part de mes coéquipières et c’est ce que je préconise aussi comme entraîneure. » 

Bien que Mavignier ait réussi à avoir du succès au sein de la structure du soccer canadien autant comme joueuse qu’à titre d’entraîneure, elle reconnaît qu’il y a encore beaucoup de travail à faire au chapitre de l’équité.

« Quand j’étais plus jeune, le soccer féminin, ce n’était rien. Au Brésil, j’ai eu tellement de difficulté à pouvoir jouer parce qu’il y avait tellement de préjugés et peu de soutien, alors je veux tout simplement redonner et contribuer à la croissance du soccer féminin. »

Bruna Mavignier - préparatrice physique junior à l’Institut canadien du sport de l’Ontario

Les femmes entraîneures et le milieu du soccer au Canada

Le milieu du soccer au Canada a évolué graduellement. Les succès que les équipes nationales féminines et masculines connaissent sont attribuables à la présence d’un réseau plus solide au niveau communautaire. Le bassin de joueurs compte des athlètes plus habiles, mais pour continuer de progresser, le soccer doit aussi pouvoir miser sur un nombre croissant de jeunes entraîneurs et de soigneurs compétents.

La croissance du soccer féminin a fait en sorte que des femmes entraîneures ont commencé à occuper des postes-clés au sein de l’organisation de Canada Soccer dans son ensemble. De l’équipe nationale senior à l’équipe U-15, ce sont des femmes qui agissent comme entraîneures-chefs chez les femmes au Canada.

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« Je suis entourée de femmes très fortes qui représentent d’extraordinaires modèles à suivre et j’en suis très reconnaissante. Il faut qu’il y ait aussi de la diversité pour que les garçons sachent que s’ils veulent être entraîneurs, ils le peuvent, et si des filles voient des entraîneures dans le décor, elles savent qu’elles peuvent devenir des entraîneures. »

Selon Mavignier, il est important de regrouper des personnes provenant de différents milieux et qui ont des vécus différents en tant qu’entraîneurs, surtout chez les femmes. La diversité qu’on retrouve au Canada est essentielle pour pouvoir bien comprendre ce qu’on vise en termes d’équité et d’égalité dans le sport.

« Le plus important, c’est d’avoir des modèles à suivre chez les femmes pour savoir que tu pourras ensuite faire la même chose toi aussi, a souligné Mavignier. J’ai rarement eu des femmes entraîneures au soccer — des femmes entraîneures en préparation physique, je pense qu’il n’y en a eu aucune. Le fait qu’il y ait ces modèles à suivre, les filles peuvent voir qu’elles peuvent non seulement devenir des joueuses de soccer, elles peuvent aussi devenir des entraîneures en soccer, elles peuvent devenir des préparatrices physiques, elles peuvent devenir des arbitres. Il y a tellement d’autres boulots qu’elles peuvent faire dans le sport; ce n’est pas seulement les hommes qui peuvent le faire. C’est très important qu’il y ait de la variété et l’égalité dans le sport représente quelque chose de formidable. »

Au mois de mars, U SPORTS a dévoilé la composition du groupe 2022-2023 des 18 femmes entraîneures qui été choisies pour faire l’objet d’un mentorat dans le cadre du Programme d’apprentissage pour femmes entraîneures. Ces anciennes étudiantes-athlètes du réseau U SPORTS auront l’occasion de développer leurs compétences d’entraîneures tout en représentant des universités un peu partout au Canada à l’occasion de la prochaine saison.