Basketball Féminin Nouvelles

Pour célébrer la saison centenaire du basketball féminin universitaire canadien, U SPORTS dévoile le Top 100 des joueuses du siècle, telles que sélectionnées par son Association des entraîneurs. Chaque semaine, d’ici le Final 8 à Ottawa, les joueuses seront révélées selon leur décennie et des articles ou reportages décrivant les illustres carrières de certaines de ces athlètes seront présentés sur USPORTS.ca. La campagne sera couronnée par la révélation de la lauréate du trophée Nan Copp 2020 remis à la Joueuse de l’année lors du Gala des étoiles le 4 mars prochain.

Lorsque vous entendez le nom de Kathy Shields, vous pensez probablement à la meilleure entraîneuse de l’histoire du basketball féminin U SPORTS. Elle a, à son actif, huit championnats nationaux, 337 victoires Canada Ouest, et compte moult Olympiennes parmi les joueuses qu’elle a entraînées. La liste des accolades concernant sa carrière d’entraîneuse semble interminable.   

Mais bien avant tout ça, avant même qu’elle ne devienne Kathy Shields, Kathy Williams était l’une des meilleures joueuses originaires de la Vallée du Bas-Fraser.  

Tout au long de sa croissance dans l’ouest de Vancouver, C.B., Kathy a vécu une expérience qui n’a pas été donnée à la plupart des filles dans les années 1960. Avec ses aînés, son frère Doug et sa sœur Linda, eux-mêmes des athlètes exceptionnels, Shields a dès le début eu des modèles qui lui aideraient à être l’adulte qu’elle était appelée à devenir.

« C’était simplement mon milieu » de dire Shields de son enfance « c’était très propice à ce que je ne me préoccupe jamais du fait que je ne représentais pas la norme, que j’étais différente de la plupart des autres filles de mon âge, que j’avais une autre façon que la leur de m’occuper au jour le jour — du moins dans mon environnement. »  

Shields était une naturelle, une athlète dès le départ ; elle excellait dans plusieurs sports. C’est lors de ses premières années au secondaire que sa vie a changé du tout au tout, lorsqu’un entraîneur leur a fait connaître — à elle et à quelques-unes de ses coéquipières de volleyball — un sport qui allait changer sa vie. Dès les premiers instants, Shields savait que c’était différent cette fois. Elle explique « Dès que je m’y suis donnée, ma passion s’est déclenchée ».

Jason Beck est le curateur et le directeur des installations au Temple de la renommée du sport de la Colombie-Britannique. Il a écrit un article sur Shields lorsqu’elle a été intronisée en 2013. Elle lui a raconté plusieurs anecdotes de son enfance lorsqu’il écrivait son article, mais l’une d’elles se distingue particulièrement.  

« Elle m’a raconté qu’elle était la seule fille dans son voisinage de Vancouver qui avait son propre cerceau de basketball, » dit Beck de son interview avec Shields. « L’image de cette jeune fille, dehors dans son entrée à lancer un ballon dans le panier sous la pluie — m’a vraiment frappé. Aujourd’hui, nous entrevoyons Kathy Shields comme une figure incontournable du sport, mais le tout a commencé grâce à un simple cerceau fait maison dans l’entrée d’une résidence. »  

Déjà au secondaire, Shields était une étoile dans sa ville et en impressionnait plusieurs, y compris le directeur de son école.

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« Lorsque j’étais au secondaire, mon directeur était très impliqué dans les sports des garçons dans les écoles secondaires de la C.B. », se souvient Shields. « Un jour, il est venu me voir et m’a dit — ainsi qu’à mon entraîneur — qu’il croyait que si je travaillais vraiment fort, je pourrais un jour évoluer pour l’équipe canadienne. À partir de ce jour, ce fut mon but à atteindre. »

Une amie de longue date de Shields, à l’UCB et sur l’équipe canadienne et qui elle-même fait aussi partie du Top 100, Debbie Phelan, se souvient d’avoir joué contre Shields au secondaire.  

« C’était de toute beauté de la voir lancer, de la voir monter une attaque sur le jeu, elle travaillait tellement fort, » dit Phelan « un merveilleux amalgame de puissance et d’élégance. »

Une fois son secondaire terminé, Shields a décidé de demeurer près de chez elle et a fréquenté l’UCB, rejoignant une série de joueuses légendaires telles que Joanne Sargent (également membre du Top 100) et, plus tard, Phelan (qui avait deux ans de moins que Shields) dans un des meilleurs programmes au pays à cette époque.

Le choix d’UCB s’est avéré le meilleur, entraînant un succès fou puisqu’elle y a non seulement remporté son premier championnat national, mais elle a également réalisé son rêve d’accéder à l’équipe canadienne. Son séjour avec l’équipe nationale lui permettrait moult participations à des championnats mondiaux ainsi qu’à des Jeux panaméricains.

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Comme si ce n’était déjà pas assez, l’un des entraîneurs adjoints de l’équipe était Ken Shields, son futur conjoint.

Après plusieurs solides saisons à l’UCB, Kathy Shields a eu à prendre une décision difficile. Les services de Ken avaient été retenus à l’université Laurentian à Sudbury, Ont. Laurentian était non seulement à l’autre extrémité du pays, mais à l’époque, était loin d’être reconnue pour son basketball. Aujourd’hui, en 2020, c’est en riant que Kathy se remémore cette période.     

« L’amour te fait faire d’étranges choses, » se souvient-elle.  

Ça semblait peut-être étrange à ce moment-là, mais tout est bien qui finit bien. Un an après son arrivée à Sudbury, Norm Vickery a été engagé pour assumer la direction du programme féminin à Laurentian. Ensemble, Kathy et Vickery allaient aider à bâtir une dynastie grâce à laquelle Kathy remporterait deux autres titres nationaux.

Malheureusement, son dernier titre canadien signalait également la fin de sa carrière de joueuse à l’âge de 25 ans. Quelques mois à peine avant les Olympiques de 1976 — les premiers Jeux à présenter le basketball féminin — une blessure au dos forçait Kathy à prendre sa retraite.

Pour la plupart, un tel dénouement signifierait la fin d’une carrière sportive. Avec trois titres canadiens et au summum dans les moments les plus importants, Kathy avait déjà connu une vie de basketball à faire rêver. Mais lorsqu’il s’agit de Kathy Shields, mieux on la connait, plus on réalise qu’elle n’est pas comme la plupart.  

Au même moment où sa carrière à Laurentian prenait fin, Ken acceptait un poste à Victoria. Kathy l’a donc suivi dans un retour vers leur province d’origine. Au cours de cette année sabbatique, à la suite d’une chirurgie et avec du temps à tuer, Kathy a entraîné l’équipe junior universitaire de basketball féminin à l’UVic.

Deux saisons plus tard, après avoir fait le saut à l’équipe universitaire comme entraîneuse adjointe, Kathy fut nommée entraîneuse-chef des Vikes — le début d’une montée en flèche dominante, inégalée jusque là ni depuis, au basketball féminin universitaire au Canada. Elle allait, qui plus est, devenir l’entraîneuse-chef de l’équipe senior canadienne pour plusieurs années, représentant de nouveau son pays à l’échelon le plus élevé du sport.

 

Deb Huband, que Kathy a également entraînée sur l’équipe nationale, fait également partie du Top 100. Huband entraîne à l’UCB depuis 25 ans et n’a que de bonnes choses à dire de son ancienne entraîneuse et mentor.

« Je crois qu’elle incarne le basketball canadien, » dit Huband qui, en janvier, a surpassé Kathy avec le plus grand nombre de victoires Canada Ouest à vie. « Elle représente le basketball canadien au niveau universitaire, au niveau de l’équipe nationale, comme joueuse, comme entraîneuse et comme mentor. »

Malheureusement, de nouveaux problèmes de santé ont mis fin également à la carrière d’entraîneuse de Kathy en 2001.

Cette fois, elle devait lutter pour sa vie, après un diagnostic de cancer du sein. Au lieu de voir l’aspect négatif de la nouvelle, Kathy s’est mise à conseiller d’autres qui suivaient les mêmes traitements qu’elle.

Et, tout près de 20 ans plus tard, Kathy est un élément clé de la campagne Lancez pour la guérison U SPORTS, inaugurée en 2007 et impliquant 48 programmes de basketball féminin à travers le pays dans une collecte de fonds annuelle pour la lutte contre le cancer du sein.

« Je ne pourrais pas être plus fière de mes collègues pour ce qu’elles font, » dit-elle. « Nous sommes si absorbées par les victoires et les défaites (dans le sport) mais celle-ci est la véritable lutte — trouver la guérison. »

Onze championnats nationaux, membre de l’Ordre du Canada, intronisée au Temple canadien de la renommée du basketball et maintenant membre du Top 100 du premier centenaire du basketball universitaire féminin. Toutes ces réalisations, et plus encore, tout en demeurant constante dans l’adversité – on pourrait dire, sans risquer de se tromper, que Kathy Shields a fait le tour de la question dans un sport qui lui a été présenté il y a de ça moult années déjà dans un gymnase d’une école secondaire de la Vallée du Bas-Fraser.  

« Ce sport m’a redonné beaucoup plus que ce que j’aurais cru et de tellement de diverses façons, » affirme Kathy. « J’ai peine à croire tout ce que ce sport a contribué à mon existence... il a été une partie tellement incroyable de ma vie et je suis vraiment très reconnaissante. »


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Will est un étudiant de deuxième année en journalisme à l'Université Ryerson. Il a écrit et travaillé pour de nombreux médias universitaires, dont BrockTV, le Calgary Journal et maintenant, le Eyeopener, couvrant un large éventail de sports, de ligues et d'étudiants-athlètes. Un adepte de longue date de U SPORTS, Will est fier de la passion et de l'opportunité que le sport universitaire apporte aux étudiants-athlètes à travers le pays.

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